J'avais bien aimé le premier film de Louis-Julien Petit : loin d'être exceptionnel sur la forme, il avait de la fraîcheur, une belle énergie. Le second, « Carole Matthieu », malgré la présence d'Isabelle Adjani, était en grande partie raté. Ce dernier est un peu meilleur : les comédiennes, surtout Audrey Lamy et les amatrices, sont impeccables, le personnage de la première et la jolie relation qu'elle entretient avec son frère étant, de loin, les aspects les plus intéressants. Quelques réels bons moments également, il y a un minimum d'humour, le sujet suffisant presque pour que l'on ait un minimum d'intérêt et de sympathie pour l'œuvre, se regardant sans déplaisir. Est-ce suffisant pour l'encenser comme certains le font, uniquement parce que c'est « social » ? Je ne crois pas. Se préoccuper aussi peu de la mise en scène, je ne trouve pas ça normal. Le propos ne justifie pas David Lean derrière la caméra, je l'entends. Mais là, on est dans une logique télévisuelle totale : c'est pauvre, gris, sans inspirations... Le problème vient également du scénario : je n'irais pas jusqu'à écrire que je n'ai rien appris, mais pas loin... Plusieurs pistes sont évoquées sans jamais être approfondies, voire abandonnées immédiatement. Ce n'est pas toujours bien pensé, même si proposer ces « activités parallèles » à ces femmes pour les aider dans leur réinsertion était une jolie idée. Sorte de téléfilm-documentaire doté des meilleures intentions, « Les Invisibles » confirme toutefois cette logique très actuelle, notamment en France, que la forme n'a quasiment plus d'importance lorsque le fond est de qualité. Sauf que lorsque le scénario n'est pas si bon et qu'on sort de la salle pas réellement plus « informé » que 100 minutes auparavant, c'est un (gros) problème. Se remettre en cause, très peu pour le « cinéma engagé » français...