Un dessin animé dans un style un peu épuré, racontant l'enfance et l'adolescence d'une jeune femme, le tout adapté d'une BD, forcément ça fait penser à Persepolis. Mais ça n'est pas Persepolis. D'ailleurs l'auteur de la BD ne signe pas l'adaptation cinématographique et ça n'a rien des qualités de Persepolis.
En fait j'aime bien me confronter à ce genre de film parce que ça permet de voir pourquoi un autre fonctionne tellement mieux à côté. D'après ce que je lis ici et là la BD semble quelconque et le film est pareil, quelconque et assez inintéressant. Pour tout dire, ça ne raconte rien de bien intéressant et c'est ça le drame. Dans Persepolis on avait l'histoire d'une femme, mais aussi en toile de fond on avait l'histoire de l'Iran avec la révolution islamique et les répercutions sur la vie des gens. On avait ainsi les réflexions politiques sur le monde de l'auteur, on voyait le monde à travers ses yeux et on avait son regard sur les événements. C'est beaucoup plus marquant que ce Virus Tropical où on a certes le point de vue d'une jeune fille, mais le point de vue sur rien... avec aucun parti pris... avec une histoire qui ne raconte rien si ce n'est sa propre vie où il ne se passe rien.
C'est ça la tragédie de l'histoire, PowerPaola (l'auteur de la BD) n'a rien à dire... et le film adapte donc cette histoire où il n'y a rien à dire... Du vide, sur 1h37...
Disons que l'on n'a même pas un regard touchant sur l'enfance, sur l'adolescence, sur les premiers amours, sur la séparation ou que sais-je encore. C'est juste plat. Une série d'anecdotes, racontées sans emphase, sans humour, sans malice, sans rien... Juste la platitude d'une vie plate et morne d'une personne sans la moindre once de personnalité ou d'originalité.
Tragique.
Une petite fille sage qui raconte sa vie, sans y mettre de cœur, bien sagement.
Des BD comme ça j'en ai lu, j'en lirai malheureusement sans doute encore, mais je ne comprends pas qu'on s'amuse à adapter ça au cinéma... et pourquoi cette BD colombienne totalement banale est publiée chez nous ? On n'a pas assez de princesses qui n'ont rien à raconter en France ? Il n'y a pas mieux à faire venir de Colombie que ça ?
Et donc l'enseignement à tirer de ce film (et je suppose de la BD) c'est que tout le monde peut raconter sa vie, platement, sans génie, sans audace... mais que pour en faire une œuvre passionnante il va falloir y mettre du sien, aller plus loin que l'étalage de faits, montrer son point de vue... bref être un auteur, avec quelque chose à dire. Ce qui n'est pas le cas ici. Alors oui, c'est mignon graphiquement, mais bon... ça ne fait pas un film et ça renforce encore plus le côté coquille vide.