Mon oncle est un film qui m'a beaucoup plu, mais j'ai pourtant du mal à trouver les mots pour exprimer mon sentiment pour ce film. Je pourrai me lancer dans un commentaire sur ses spécificités techniques, sur des points clés comme la mise en scène, les plans, etc; pourtant ce n'est pas un point particulier qui m'a plu ici, mais un ensemble cohérent entre l'histoire, la forme, les acteurs qui fait du film de Tati une oeuvre enchanteresse.
C'est en réalité mon premier Tati, je ne connaissais rien du réalisateur, peut-être alors que ce que je vais dire sont des banalités sur le style du français, mais qu'importe. J'ai vu pas mal de films "pour enfants" ces derniers temps (entre La vie est belle, la nuit du chasseur, ou encore un revisionnage des 400 coups), et le film de Jacques Tati dégage quelque chose de vraiment singulier par rapport à tout ces films. Quelque chose que l'on pourrait appeler charme, ou naïveté; ces deux termes sont synonymes ici.
C'est toute la beauté de Mon Oncle. A mon sens le film joue sur deux tableaux, intimement liés : le charme nostalgique du petit village et le charme de l’insouciance de l'enfance. Ces deux tableaux sont liés car les enfants sont les véritables animateurs du village, de même que les adultes du village vivent dans une forme d’insouciance naïve très enfantine; il n'y a pas, pour ainsi dire, d'opposition entre enfants et adultes (la nuit du chasseur) ou un glissement de l'enfance à l'âge adulte (Les 400 coups). Tout vie dans une certaine cohésion, et l'opposition se joue sur un autre domaine, celui de la nostalgie et simplicité/modernité et recherches vaines. J'y reviens.
Les scènes se déroulent principalement dans un petit village qui semble un peu coupé du monde, et qui vie au rythme de son marché, de son café du commerce, de son balayeur attitré, du garde champêtre du coin. Un village très charmant, que Tati filme fort bien pour lui donné un caractère idyllique et fortement attirant. Un village très français, mais très belle france : ses habitants râlent, se disputent evidemment , mais toujours dans une bonne sympathie campagnarde. Entre le commerçant bedonneux qui essaye d'arnaquer quelques francs sur les salades, le balayeur désabusé des gamins qui fourrent leurs nez partout, mais aussi monsieur Hulot qui répare les pots cassés de sa jeune voisine. Un village idéal en fait, où tout les habitants se connaissent; où les gamins sont de vrais mômes, a faire des conneries sympathiques, des pré-racailles mignonnes en sommes.
Le film est toujours sympathique et drôle; il y a quand même une sorte d'opposition, la présence d'un bien et du mal. Le village de Tati est sa sorte de madeleine à lui, et il l'oppose à la maison moderne de monsieur Arpel, maison toute équipée mais finalement très superficielle et contraignante, qui ne sert que de faire valoir pour ses deux habitants, tout aussi inintéressants, motivés par des considérations sociales très creuses, uniquement apparentes. On a reprocher à Tati d'être un réactionnaire avec une telle vision, c'est peut-être vrai mais je n'y crois pas totalement. Outre le fait que ces gens sont montrés de manière assez sympathique, et presque touchante dans leurs déboires, c'est plus une forme de vie basée sur la recherche du profit et de statut social qui est critiquée, en comparaison avec une vie plus simple symbolisée ici par l'innocence du village.
Et pourquoi tout cela marche-t-il si bien? Car [...] suite ici : http://www.senscritique.com/film/Mon_oncle/critique/17548631