Linn da Quebrada est une rappeuse transgenre de la banlieue de São Paulo. Son nom est synonyme de glamour ("linda" signifie "belle" en portugais) tout en renvoyant à ses origines modestes ("Quebrada" signifie "cassée" en argot local, et fait référence aux banlieues pauvres de São Paulo). Cette figure du rap contestataire et queer brésilien s’autoproclame "terroriste du genre" ou encore "pédale travestie". Elle fait de sa différence un véritable combat politique.
La réalisatrice Claudia Priscilla travaille depuis longtemps sur les problématiques LGBTQ. Elle a découvert Linn da Quebrada lors d'une performance collective dans la rue 4 ans plus tôt. Emballée par sa personnalité, elle va la voir en concert et décide de lui consacrer un film. Son collègue, Kiko Goifman, était plus réticent car il ne voyait pas l'intérêt de consacrer un film à une personnalité si jeune (Linn avait alors 26 ans). Ses réserves se sont envolées lorsqu'il l'a vue en concert.
Ce documentaire vise à combattre le machisme. Kiko Goifman explique : "[...] la bienveillance a été centrale tout au long du tournage. [...] Cette ouverture, cette tolérance, cette empathie, cet amour constituent un véritable message politique". Il s'agit également de parler de notre rapport au corps, particulièrement au Brésil qui compte le plus grand nombre de personnes transgenres au monde mais où aucune loi ne protège cette communauté.
Bixa Travesty est le titre d'une des chansons de Linn da Quebrada. C'est un titre très provocateur, comme l'explique Claudia Priscilla : "Les deux mots ("bixa" pour "pédé") ensemble forment une contradiction : un peu de féminin, un peu de masculin".