Electric State est un blockbuster prometteur sur le papier, et à bien des égards, il tient son rang dans un genre qui nous a quand même vachement déçu ces derniers temps, avec de grosses productions de plus en plus anecdotique. Le gros atout du film déjà c’est sa forme. Doté d’effets visuels impeccables, bénéficiant d’une jolie direction artistique rétro-futuriste, avec des robots aux looks soignés dont on sent l’inertie des masses, le métrage est également porté par une photographie élégante et une réalisation fluide et plaisante. On sent que le film s’appuie sur une œuvre préexistante, à savoir un roman graphique, car il y a un soin dans le détail qui montre un univers solide et bien pensé.
Au-delà de la forme, le casting est plutôt cool. Le casting humain s’appuie sur Chris Pratt, qui est complètement dans son élément avec son personnage, sorte de gentil brigand rigolard. Il semble à bien des égards nous ressortir ce qu’il sait faire de mieux, sans grande originalité mais avec son entrain sympathique habituel. Millie Bobby Brown est très correcte dans son rôle également. Jeune fille un peu rebelle mais sans excès, ce qui nous évite le côté tapageur et irresponsable habituel qui casse les pieds ! Pour le reste Tucci, Quan, Esposito sont des rôles secondaires plus ou moins bien employés. Tucci (qui ressemble de plus en plus à Mark Strong) tient un méchant un peu moins caricatural que redouté, et Esposito tout autant. Dommage néanmoins que le film ne leur accorde qu’une place assez étroite finalement. En revanche, les robots sont top, tant en terme de personnalité que de look, et ils sont pour ainsi dire les vrais héros du métrage.
Et c’est là le souci d’Electric State. Le film dure 2 heures, et c’était sans doute trop court pour le projet. Il y a tout un univers à poser, et il l’est rapidement en cinq minutes au début du film, et ensuite on a pas trop le temps de vraiment plongé dans ce monde. L’histoire va rapidement mais est obligée de recourir à de nombreuses ellipses qui desservent sa crédibilité. Il y a également des facilités pour esquiver certaines difficultés et pas mal d’invraisemblances, à commencer par le rôle joué par le frère de l’héroïne. Faudra vraiment être très ouvert d’esprit pour le croire ! Il y a un souci d’écriture patent, même si par ailleurs le métrage brasse des thématiques fortes dans un contexte de film pour enfants pas débile. Le métrage est en effet tout public, petit exploit de nos jours, et par bien des aspects, on retrouvera un peu le ton Amblin disparu depuis Mathusalem, même dans les productions Amblin modernes ! Ca donne un côté sympathique à ce film, que j’aurais sûrement plus apprécié plus jeune, en voyant moins les trous dans le scénario qu’aujourd’hui.
Electric State est malgré tout un film très appréciable et franchement réussi dans son genre. Un film de cette nature réussissant à parler à tous les âges, c’était pas une évidence, mais les frères Russo réussissent leur coup. Pour moi, il aurait néanmoins été préférable d’adjoindre au moins trente minutes, ou alors de faire un diptyque pour donner plus de cohérence et de fluidité à une histoire qui apparaîtra trop souvent bancale. On ne peut pas tout justifier au prétexte du côté « jeunesse » du projet. 3.5