Le voilà donc le fameux (et plus coûteux de son histoire) blockbuster made in Netflix. Encore un cran au-dessus du passable « Red Notice » ou du nul « The Gray Man » (déjà réalisé par les Russo). En effet, le film a coûté la bagatelle de 320 M$. Oui, vous lisez bien, 320 M$...! Alors si « The Electric State » avait l’ambition, l’originalité et la réussite en adéquation avec son énorme mise de fond, comme un opus de la saga « Avatar » voire même d’un bon gros Marvel du type « Avengers, Infinity War » ou « Avengers, Endgame » (encore réalisé par les frères Russo), ce serait justifié et valable. Mais là, au vu du résultat interchangeable et pas si impressionnant que cela sur tous les points (voire même plus franchement raté que satisfaisant), il y a de quoi se poser des questions. Le film est très moyen et on ne voit pas vraiment le budget à l’écran et c’est cela qui rend la chose indécente. Netflix a le don pour produire majoritairement des blockbusters sans âme à quelques exceptions près mais quand l’addition est si élevée... Après la déjà interchangeable comédie d’action « Back in action » le mois passé, voilà donc un film de science-fiction familial aseptisé, banal et finalement très anecdotique.
L’idée d’adapter le romain graphique de Simon Stalenhag, entre uchronie (réécrire le passé différemment) et dystopie (envisager un futur totalitaire et désolé) aurait pu accoucher d’un bon film de science-fiction. Mais, encore une fois, le résultat est bien décevant. On peut louer des effets spéciaux très réussis (encore heureux vu le budget) et la création d’un monde pertinent et agréable à l’œil avec quelques beaux plans à la clé. Cependant, avec 320 M$ on aurait aimé en prendre encore plus plein la vue et on se demande où a été ce gigantesque budget quand on le compare à des films comme « Avatar », encore une fois. Très peu d’acteurs et de figurants, aucune séquence véritablement spectaculaire et inédite qui restera dans les mémoires à se mettre sous la dent et un climax final vu et revu. De plus, les deux têtes d’affiches ne sont pas des stars incontournables non plus et jouent d’ailleurs comme des endives avec une palette d’expressions réduites au minimum (même les robots ont un meilleur jeu!) quand les seconds rôles sont des clichés sur pattes (le Steve Jobs sauce Stanley Tucci) ou réduits à jouer dans une boîte de conserve (pauvre Giancarlo Esposito). Bref, c’est bien fait et maîtrisé on ne va pas la contredire mais l’identité visuelle est inexistante, le fond plutôt vide et l’ensemble ne correspond pas à cette mise de fond stratosphérique.
Après un premier navet, on se demande également pourquoi les frères Russo tombent si pas en se fourvoyant une seconde fois chez Netflix. Ils ont quand même signé l’un des meilleurs Marvel (« Captain America, le Soldat de l’hiver ») et le diptyque culte qui a clôt la phase 3 du MCU avec les deux derniers « Avengers ». Puis, sur Apple, ils nous ont offert une œuvre qui n’a pas plus à tout le monde mais nous a conquis, le magnifique « Cherry ». De les voir tenter de singer Steven Spielberg en mode nostalgie des années 90 et film d’aventures familial magique est désolant car cela ne fonctionne pas. On sent la référence écrasante mais jamais le métier et la sincérité du maître. Alors, certes, on ne s’ennuie pas trop avec « The Electric State » même si tout est lisse, couru d’avance et très peu magique mais on commence à se dire que Netflix aseptise tout ce qu’il touche tout comme ceux qu’elle embauche. Dans ce film, il n’y a rien de profond, d’inédit, de mémorable, juste du divertissement lambda, vite vu, vite oublié et sans aucune marque ou touche particulière à laquelle se raccrocher.
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