William Laboury ("Chose mentale") est issu de la formation montage de la Fémis. Il se fait connaître en tant que réalisateur grâce aux courts métrages Fais le mort et Hotaru, sélectionnés dans de nombreux festivals. William est également chef monteur, graphiste et truqueur VFX.
Diplômé des Beaux-Arts, Steeve Calvo ("Livraison") est aujourd’hui chef-opérateur de documentaire mais également scénariste et réalisateur de fiction courte. Avec Livraison, son deuxième court métrage, il poursuit son travail mené autour d’une figure légendaire du cinéma de genre : le mort-vivant.
Après des études de cinéma à l’université, Mael Le Mée ("Aurore") devient scénariste de dessins animés pour la télévision. Perpendiculairement, il développe une pratique artistique transdisciplinaire, entre performances, installations, arts numériques, théâtre, littérature et audiovisuel. Ses travaux ont été présentés par des institutions telles que le Palais de Tokyo, la Gaîté lyrique, France Culture, le MuCEM, le Musée d’Histoire des Sciences de Genève, la Columbia University à New-York etc.
Scénariste et réalisateur, Just Philippot ("Acide") est l’auteur de quatre courts métrages. Son dernier film Ses Souffles était pré-nominé pour le César du meilleur court métrage 2016. Clip, fiction, co-écriture, il multiplie les expériences et vient de terminer un moyen métrage documentaire Gildas a quelque chose à nous dire diffusé sur Arte. Il intervient en milieu scolaire et associatif pour conduire des ateliers permettant aux jeunes de découvrir la fabrication d’un film.
A l'origine, William Laboury a été contacté par Capricci pour lui proposer d’adapter une nouvelle fantastique. Son choix s'est alors porté sur "La Vie posthume d’Edward Markham" de Pierre Cendors, qui évoquait la technique ésotérique du remote viewing, testée dans le champ militaire pendant la Guerre Froide. "C’est une technique qui permet de sortir mentalement de son corps pour espionner des lieux lointains. Je suis parti de cette idée, mais comme la nouvelle était difficilement adaptable, j’ai pris une autre direction. Après plusieurs recherches, j’ai fini par me centrer sur un dérivé du remote viewing : le voyage astral. C’est une méthode de relaxation qui permet de sortir de son corps par la pensée", précise le jeune cinéaste.
Pour rendre crédible et concrète l’expérience « mentale » d’Ema, William Laboury a utilisé le steadicam sur chaque plan pour imprégner le film d’une instabilité. "La caméra n’a jamais de point d’ancrage, elle est comme un regard mental et flottant. Un peu comme la caméra dans les jeux FPS type Counter Strike, qui, une fois qu’on est mort, permet de se balader en flottant, en passant à travers les murs. J’ai écrit le film en pensant constamment à la réalité virtuelle. Je voulais l’aborder sans utiliser sa technologie, car les enjeux de la VR sont en fait très anciens", explique le réalisateur.
Pour concevoir l'univers esthétique de "Chose mentale", Wiliam Laboury et la chef décoratrice Cécile Paysant ont conçu l’intérieur comme un univers froid, trop grand et trop vide. Il raconte : "Ema comble ce vide avec des objets censés la protéger des ondes, comme les lampes de sel et les orgonites, ces petites pyramides remplies de métaux. Mes recherches sur l’électro-sensibilité m’ont plongé dans une esthétique médicale mêlée de new age et imbibée de conspirationnisme. L’extérieur, lui, est mental, il est la forêt idéale d’Ema. Celle qu’elle fantasme à partir des images en relief de sa visionneuse stéréoscopique. Alors que la maison est filmée en plans larges, la forêt n’est que détails et matières en gros plans. Elle lui apparaît par fragments, par bouts de sensations."
Le principal enjeu de réalisation a été de rendre crédible le troupeau de zombies, qui est à l’écran pendant tout le film. "D’abord, j’ai voulu des acteurs confirmés, pas des figurants, ce qui se voit dans la manière dont ils se sont chacun appropriés leur monstre. Puis, j’ai choisi un décor, la Camargue, qui m’offrait l’univers désolé d’un monde disparu, d’une apocalypse. Pas besoin d’effets spéciaux, juste un horizon, plat et dépourvu de vie. Et pour le personnage principal, j’ai pris un acteur au visage buriné", précise le metteur en scène Steve Calvo.
Steeve Calvo accorde beaucoup d’importance à filmer la marche lente, bancale et ininterrompue des zombies. Le réalisateur explique pourquoi il a choisi de centrer son récit sur la transhumance : "Je voulais filmer une marche funèbre : contempler un zombie, c’est-à-dire la mort en marche, et ressentir de l’empathie pour le mort-vivant. Un de mes films de référence est Gerry de Gus Van Sant. Je rêve de faire un film où il n’y a plus que des zombies, qui apprendraient à reconstruire une communauté… Dans l’usine qu’on aperçoit à la fin du film, j’imagine que les zombies sont placés sur un tapis roulant gigantesque qui fait office d’une immense dynamo. J’aime beaucoup l’idée de la marche d’un mort générant de l’électricité pour les vivants."
"Aurore" est un film sur de jeunes adolescents qui découvrent leur corps et leur sexualité, un questionnement sur ce que peut le corps et sur ce que l’on fait quand du nouveau y surgit. Le réalisateur Maël Le Mée explique :
"Comme ce qui s’y passe est impossible en vrai, le film peut être qualifié de fantastique, mais relever de ce genre n’est pas son but en soi. Aurore n’est pas tant un film sur la sexualité des adolescents qu’un film d’humains qui s’emparent de leurs corps et inventent des choses d’une façon que j’espère désirable. C’est un film de genres, au pluriel, dans le sens « études de genre » ou « queer ». C’est littéralement une fille qui met deux doigts à un garçon. Puis un à une fille. Puis un autre au copain de celle-ci. Avant d’en remettre quatre à son copain à elle. Et que ce dernier finisse par lui dire qu’il aimerait bien savoir faire pareil. Quand une fille se révèle capable d’enfoncer ses doigts dans la poitrine d’un garçon, aucune loi n’est là pour empêcher de filmer cela en gros plan… C’est heureux."
Acide est un survival dont le récit se résume à un mot : fuir ! Le réalisateur Just Philippot a cherché à faire un film en mouvement qui ne s’arrête jamais. Les relations entre les personnages devaient donc elles aussi se développer dans le mouvement. Il raconte : "Leur objectif est simple : se sauver d’une menace apocalyptique. Forcément, ça implique pas mal de contraintes techniques pour réussir à tenir cette ambition dans une économie de court métrage : travellings, effets spéciaux sur le plateau, tournage avec un enfant et sous la pluie… Réaliser le film en six jours, c’était un véritable tour de force. Il fallait donc rester le plus léger possible et favoriser la lumière naturelle ou réduire le matériel au strict nécessaire."
Avec l'aide de Mikros, Just Philippot a opté pour une direction artistique très réaliste. Les effets spéciaux devaient rester le plus invisible possible et réussir à se mélanger parfaitement avec des effets de plateau. Il précise : "L’ours en peluche a fondu en étant aspergé par des mélanges de liquides aux Ph opposés. La route, c’est du polystyrène fondu à l’acétone. Pour travailler la présence du nuage, on a adapté nos axes de caméra pour que la course se fasse toujours en direction du soleil, de la lumière."