Et si l'existence n'était qu'un numéro de cirque, une monstrueuse parade...??
Guillermo Del Toro aime le cinéma classique et ça se voit;
Guillermo Del Toro sait faire des films et ça se voit.
Un hommage tendre et passionné au cinéma allant des années 20 à 60... Tant de références, tant de clin d’œil, de Chaplin à Keaton, de Kubrick à de De Palma, de James Whale (les petites fioles de fœtus) à, bien évidemment, Tod Bronwing dans la première partie du film, Cette première partie, brumeuse et riche en personnages, qui très tôt prennent toutes leurs dimensions, une fluidité de mise en scène servie par des plans élégants et remarquablement bien éclairés et construits, l'ensemble sous une pluie récurante (tient, tient, le final de Freaks...) et dans sa deuxième partie, sous une neige glaciale, pourtant les années passent et cet hivers éternel continue, il continue car comme les personnages, centraux, nous sommes hors du temps, le charlatanisme habile, la spiritualité métaphysique, l'espoir et la duperie, se mélangent habilement, le vol des sentiments, la résurrection du passé, tout ceci excelle de manière lente et envoutante.
Mensonges et cruauté, tromperies et manipulations, tel (une nouvelle fois, un hommage appuyé à Bogart avec son chapeau et sa clope et la petite moustache de Clark Gable) Bradley Cooper est magistral, Rooney Mara, toujours cette sensibilité à fleur de peau (la encore, avec ses vêtements, ses broches, si proche de Kim Novak) et Kate Blanchet, mélange de Barbara Stanwick et Véronica Lake, est impeccable à souhait, une mention également à Willem Dafoe, toujours excellent.
Et, dans cette deuxième partie, plus qu'un hommage, un cri d'admiration à Maitre Hitchcock et son magistral, son chef d’œuvre intemporel, "Vertigo".
Un film beaucoup plus Hitchcockien qu'il n'y parait...
Un film également flirtant avec "Soudain l'été dernier" du Grand Joseph mankiewicz.
Un film avec un twist final prévisible un peu avant mais tellement délicieux.
Un film moins décalé que le reste de sa filmo, un film criant son affection pour les Grands du cinéma, mais un film plus profond, plus sinueux, tel un labyrinthe (de Pan...) Del Toro nous amène au bord du gouffre, celui où le mensonge et l'arnaque veulent se substituer à la vérité, à la réalité. un gouffre où chacun des personnages en est à la limite, tomberont-ils? Voyez donc ce film brillant, qui poursuit l’œuvre déjà bien riche de ce cinéaste à part.