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Cinéphiles 44
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4,0
Publiée le 29 avril 2018
Après l’ombre est un documentaire qui part à la rencontre de Didier Ruiz mettant en scène son nouveau spectacle avec d’anciens détenus de longue peine. Au fil des répétitions, ces hommes se sentent plus à l’aise et décrivent l’impossible. Le film témoigne de la vie en prison et de la façon dont cette dernière a laissé des plaies ouvertes. La sexualité, la vie sociale, l’hygiène, la santé, les droits de visites, les droits de sorties pour assister aux enterrements, l’amour-propre… tout y passe sans tabou et ne peut laisser personne indifférent. Car il n’est pas question ici de savoir quel crime a commis tel ou tel ancien prisonnier. L’intention d’Après l’ombre et de libérer la parole pour mieux comprendre certaines atrocités non justifiées et nous avons été touchés. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Très beau film d'une aventure humaine entre un talentueux metteur en scène Didier Ruiz et quatre détenus "longue peine" libérés, qui révèlent des souvenirs de détention enfouis et jamais partagés. Où l'on voit que la prison n'est en rien vouée à la réinsertion mais à la déshumanisation. Nos institutions croient encore que la prison est le châtiment capital, alors que les aménagements de peine demandent un gros effort aux détenus qui en bénéficient pour rester dans le monde. La privation de liberté engendrée par l'enfermement a des conséquences très bien exprimées par ces quatre hommes qui tissent des liens de confiance au fil du travail théâtral. On ne peut que tirer notre chapeau à tous ceux qui participent à cette oeuvre. Courez-y et parlez-en, organisez des projections dans votre quartier...
Superbe film qui je l'espère, contribuera à faire changer le regard que porte notre société sur l'après prison, voir la prison elle-même....Acteurs vrais partageant avec nous leurs parcours si difficiles. J'espère que nos politiques trouveront la force de se confronter à ce que leurs lois produisent, et arriveront à comprendre le monde carcéral et ses effets, autrement que par la théorie....
Ce documentaire mérite vraiment d'être vu. Il présente à la fois le travail précis et respectueux du metteur en scène Didier Ruiz et le portrait des acteurs, anciens détenus ayant effectué de longues peines. Ces hommes, chacun à leur façon et avec leur personnalité, nous interrogent sur le sens d'une "longue peine" si elle n'inclut pas l'idée de la réinsertion, mais bien au-delà, leurs témoignages nous renvoient à notre commune humanité. On sort de ce film remué utilement. Ces hommes, cette femme m'accompagneront désormais. C'est ce que j'attends du cinéma.
Excellent documentaire, théâtre dans le film, film dans le théâtre, paroles mises en scène de quatre hommes "longues peines" et de la femme de l'un d'eux, femme au regard bouleversant, meurtrie et forte. Une belle lumière qui met en valeur les visages de ceux qui connurent la cruauté de derrière les grilles des prisons, la violence des gestes, et qui nous disent (et cela ne s'oubliera pas) jusqu'où peut aller l'enfermement.
Superbe film ! Les ex-prisonniers nous font très bien comprendre leurs tourments après ces si longues années passées derrière les barreaux, et les difficultés pour reprendre goût à la vie. Ce film devrait susciter des débats essentiels sur "l'après-prison".
J’ai beaucoup apprécié le film. Je l’ai même trouvé trop court tellement j’avais envie d’entendre les témoignages des détenus. Il ouvre des fenêtres sur un sujet plutôt méconnu, voire tabou: la prison et l'enfermement. En fait il montre, avec beaucoup de sobriété, que l’enfermement est partie intégrante, et que la violence est d’abord générée par notre société et son hypocrisie. Après tout, les prisons ne sont-elles pas aussi un reflet de nous-mêmes, cette partie d'ombre qui sommeille en nous et qui peut se révéler au fil des circonstances de la vie. On se rend vite compte en écoutant les personnages et leur réalité vécue, que nous pourrions parfaitement être à leur place, Et je pense que c'est là que réside la beauté intrinsèque du film: la découverte d'un pan ignoré de la société et à la fois, d'un autre nous-mêmes. Si c'est ce que l'auteur à voulu nous faire découvrir, alors son pari est gagné!
Très beau documentaire . Les cicatrices d'une " longue peine" chacun de ces hommes mises en scène par Didier Ruiz , avec tact et intelligence de l 'autre Authentique et bouleversant documentaire Bravo à la réalisatrice Stephane Mercurio
Stéphane Mercurio signe ici un documentaire bouleversant, dont on ne ressort pas indemne. Les condamnés à de longues peines sont-ils condamnés à être malmenés, maltraités ? Avoir accompli un acte répréhensible nécessite-il outre la privation de liberté de mouvement de se voir humilié, soumis à la toute puissance anonyme de l'administration pénitentiaire et à celle de la justice ? Faut-il réellement entretenir le sentiment d'injustice chez les prisonniers ? Que veut faire d'eux la société ? Des pestiférés à jamais ? Des êtres définitivement non insérables ou bien avons-nous à penser l'après ? Quelle considération accordons-nous au personnel pénitentiaire ? Si nous ne leur accordons pas de reconnaissance face à l'ingratitude de leurs missions, comment pouvons-nous escompter qu'ils ne soient pas maltraitants envers les détenus, qui n'ont qu'eux sous la main pour vomir la haine qui les anime ? En filmant le metteur en scène, Didier Ruiz, nous voyons combien la confiance en soi et en l'autre constituent un long chemin pour en escompter une possible conquête ou parfois reconquête. L'humanité de chacun et l'inhumanité de ce qu'ils ont affronté durant leur détention sont donné à ressentir. Et puis, il y a les condamnés, qui n'ont rien fait, les conjoins, les enfants, les parents des prévenus, qui sont soumis au régime de la prison. Le parloir est maltraitant pour les visiteurs et cela ne répond à aucune nécessité. Il n'y a aucun bénéfice, ni aucune légitimité à administrer de la cruauté, même et peut-être encore davantage si le détenu en a fait usage. Voulons-nous faire des prisonniers des bêtes sauvages ? Ou bien avons-nous l'ambition qu'un devenir soit possible lorsque la "peine" est effectuée. Non la prison n'est pas un lieu de confort. Seuls les mots, les corps et la scène théâtrale nous y donnent accès. Un très beau film.
Un film essentiel qui donne à entendre des témoignages déchirants. A voir absolument à l'heure de l'ouverture des débats parlementaires sur notre système pénitentiaire
Je n’ai pas vu « Longues peines », la pièce de Didier Ruiz. Mais le film « Après l’ombre » nous plonge dans les coulisses de la préparation de cette pièce. Quatre hommes et une femme que rien ne prédisposaient à monter sur scène se retrouvent à devoir se livrer, d’abord au metteur en scène, puis aux spectateurs mais avant tout à eux-mêmes. Abîmés par leur passé, usés, parfois détruits par la prison, ils sont appelés à sortir du silence protecteur dans lequel ils se sont murés pour se protéger du regard de l’autre, de son jugement, voire de sa trahison. Colères et peines coulent donc en eux depuis de nombreuses années, il s’agit là de les mettre à nu. Et on les voit douter, essayer, refuser et essayer encore. On assiste à des moments surréalistes comme cet homme qui raconte comment il s’est arraché les dents pour cesser de souffrir, scène difficilement supportable, pour ensuite demander d’une voix inquiète « c’était comment ? » comme s’il demandait « l’ai-je bien descendu » ? Il ne s’agit pas que d’un film sur les blessures qu’occasionnent le régime carcéral mais sur la nature humaine, ses craintes, ses faiblesses mais aussi sur ses forces. Un film qui nous heurte, nous bouleverse, nous met en colère, mais en quelque sorte qui nous réconcilie aussi.