Le titre est suffisamment évocateur pour préparer un spectateur averti à la tromperie généralisée qu'on lui réserve. Vous pensez à Céline, vous écoutez Céline, vous aimez Céline, eh bien donc : oubliez Céline !
Mission réussie d'entrée : "Aline" est rabâché à tue-tête, en un étrange québecois, alors que l'accent congolais ou russe se serait tellement mieux prêté à rendre hommage à l'incongruité naissante. Aline Dion alors ? N'exagérons rien : "Aline Dieu" nous échoit, voici la touche de génie pour ancrer définitivement ce ... ce gilm ? ... ce hilm ? dans une mare d'absurdes tabous. Auriez-vous la plus haute indulgence pour rester à flot, que toute la suite se précipite à vous faire boire à grandes rasades l'amère tasse de l'autocensure : "Guy-Claude" en est le parfait exemple, ridicule substitut que seuls les amateurs de Céline sauront décrypter, mais bon sang se sont-ils rendus au cinéma pour faire l'effort d'imaginer ce qu'on se refuse à leur désigner ?
Du reste constituant les personnages clés, les lieux, les dates, l'origine des titres jalonnant sa carrière, disons que ce machin, ce ... jilm ... a la moindre décence de ne pas vous embarrasser d'indigestes Pierre-Paul Feldman ou Pipanic, car vous n'aurez comme maigre référence culturelle qu'un affamant néant s'éternisant jusqu'au générique de fin. Un néant composé de Cél, euh, Aline prend l'avion, Aline chante, Aline montre qu'elle peut rire, mais Aline aime plus que tout Re... rha non Guy-Claude pardon, une succession de tableaux nigauds au possible, destinés à vous anesthésier d'ennui, à troquer le punch de la vraie Céline contre le long tic-tac de l'horloge de votre salon.
Douloureux malentendu ? Rendez-vous raté ? On pourrait décerner 2 étoiles de consolation pour un sympathique navet qui a fait de son mieux.
Surtout pas ! Le kilm prend soin de s'autodétruire dès la première apparition de Cél, euh Al, enfin du truc quoi, ce truc représenté enfant puis adolescent avec les traits quinquagénaires de Valérie Lemercier ! Une trombine de rombière vissée sans vergogne sur un frêle corps prépubere ... Attendez, sommes-nous encore à imaginer qui pouvait être Céline à l'aube de sa vie, ou devons-nous recevoir cette monstruosité écoeurante comme un avertissement à se détourner complètement de ce qu'a pu être sa véritable enfance ? 30 interminables minutes de laideur embarrassante, d'effets spéciaux ratés, indésirables, une suggestion permanente à atteindre le malaise maximal, à l'attention exclusive du spectateur, puisqu'autour de l'horreur incarnée gravite une joyeuse famille, hermétique et indifférente au dégoût qui le submergera.
On entretiendrait bien l'espoir qu'à la fin du lilm, cette ... chose ... se mue enfin en Céline, mais la mayonnaise ne prend jamais. Un désastre, une nouille vieillie qui s'agite en playback, voilà le reste à saucer de cette daube intersidérale.
Rendons-nous à l'évidence, ce milm travesti en biopic est avant tout une ode à la créativité d'une humble réalisatrice, l'autosatisfaction d'une actrice discrètement césarisée, j'ai nommé : Mallaury Lemerdier.