S’il y avait bien un projet casse-gueule et sacrément culotté qui nous attendait cette année sur les écrans c’est bien celui-là. Difficile de savoir ce qui s’est passé dans la tête de Valérie Lemercier et comment elle a pu financer un tel projet mais d’avoir pu le porter à l’écran et de manière si appliquée, maîtrisée et finalement cohérente relève de l’exploit. Et qu’on aime ou pas la manière dont elle a choisi de s’inspirer de la vie de Céline Dion pour faire ce film, c’est ce qui s’appelle un sacré challenge! Oublions la polémique inutile et stérile quant à savoir si la représentation de la vie de la chanteuse est fidèle ou pas à la réalité. Ça a été assez dit et répété : elle s’en inspire seulement, même si on reconnait pas mal des grands moments de sa carrière. Qui plus est, le regard porté n’est jamais dans la moquerie mais plutôt l’admiration et la tendresse, alors évacuons tout de suite ce sujet qui n’en est pas un. « Aline » est un faux biopic peu commun à tous niveaux mais qui nous fait passer un bon moment, ludique, généreux et malin malgré ses quelques défauts.
Courageux ou irraisonné c’est selon, le choix de l’actrice réalisatrice de jouer cette Aline, doublure fantasmée de la chanteuse comme venue d’un univers parallèle, était déjà un challenge en soi. Challenge relevé haut la main puisque Lemercier a trouvé le juste équilibre entre le mimétisme avec Céline Dion et un jeu légèrement décalé proche de son univers à elle. En revanche, de l’incarner également lorsqu’elle est enfant et adolescente plutôt que de prendre une autre actrice plus jeune semblait incongru, en dépit du progrès d’effet spéciaux assez convaincants. Le résultat est quelque peu loufoque mais il ne choque pas. C’est véritablement surprenant et on est surpris de constater que le rendu n’est pas aussi bizarre qu’on aurait pu le croire. On apprécie que « Aline » soit rythmé et parvienne à compiler en deux heures, toute la vie de la chanteuse en passant aisément d’un genre à l’autre. On passe donc d’une success story à une romance pour finir sur une comédie dramatique. Attention, ce n’est pas à proprement parler une comédie et fort heureusement, on rit donc peu. Mais ce qu’on perd en éclats de rire, on le gagne en ayant constamment le sourire aux lèvres. Et notamment grâce au personnage de la mère incarnée par une Danielle Pichaud en grande forme. Quant à la mise en scène de la comédienne, assez classique, elle regorge néanmoins de petites astuces amusantes.
Et c’est bien le mot qui ressort le plus de notre esprit une fois la projection terminée : amusant. « Aline » l’est de bout en bout en plus d’être parfois touchant. Sous la forme du conte de fées certes, mais qui fait du bien, qui fait chaud au cœur. On regrette tout de même que tout cela ressemble à un catalogue de la vie de la chanteuse, où une sorte de synthèse qui fait que tout va très (trop?) vite. Certains événements sont traités de manière bien trop elliptique voire carrément survolés et on le ressent. Pas mal de choses sont peu approfondies et qu’au-delà du tour de passe-passe imaginé par Lemercier, une véritable biographie de la chanteuse ne tiendrait pas en un seul film. La mort de Guy-Claude (aka René Angélil) en est l’exemple parfait : trop vite évacuée, elle ne dégage aucune émotion. Il y a aussi pas mal de clichés sur le Québec qui feront grincer des dents le public concerné, mais on sent que tout cela est fait avec sincérité. Et il faut dire qu’avec un tel projet, Lemercier marchait sur des œufs. Elle donne cependant tout et s’en tire avec les honneurs. Alors au-delà de débats ridicules, que l’on aime ou pas Céline Dion, cette « Aline » est sacrément plaisant et le résultat étonne. Un cinéma populaire qui ose et prend des risques, ce n’est pas si souvent. Et cela rajoute une pierre de plus à l’édifice si singulier de l’univers Lemercier.
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