Russes et Chinois, même combat, ou comment noyer la SF sous la romance...encore que pour le film russe, ce ne soit là qu’un simple prétexte parmi d’autres. Le concept de ce ‘Gardien des mondes’, était pourtant particulièrement alléchant. Amorce Thriller, pour l’entame : sans crier gare, un concepteur de jeux vidéo se retrouve privé de son identité, de ses biens, de son travail et même de sa famille et de ses amis, qui font comme s’ils ne l’avaient jamais vu. Virage Fantasy : il a été repéré et recruté pour devenir le gardien, ou le douanier, du portail qui permet de voyager entre les mondes, qui sont différentes versions d’un même lieu. C’est bien pratique pour le budget de film : il ne peut s’éloigner que de quelques kilomètres de son poste, ce qui limite le terrain de jeu au centre historique de Moscou. De la capitale russe, on découvrira ainsi une version steampunk tsariste, une version post-apocalyptique tropicale ou un cauchemar soviétique concentrationnaire. Pendant ce temps, au lieu de faire son boulot et de profiter de sa position, le héros du film dilapide toute son énergie pour essayer de renouer avec sa meuf de Moscou-1, dont la mémoire a évidemment été effacée même si on se demande pourquoi vu qu’elle bosse pour le gouvernement et utilise elle-même régulièrement les portails. Les trouvailles et les surprises sympathiques, qui surgissent régulièrement tout au long de l’histoire, se noient malheureusement dans un magma de rebondissements informes et d’événements peu compréhensibles, qui n’ont même pas l’air de respecter de près la trame du roman, si j’en crois ce que m’en dit Wikipedia. Du coup, il est une fois de plus très clair que l’adaptation s’adresse exclusivement à ceux qui ont lu les bouquins écrits par Sergey Lukanyenko et sont à même de réadapter quand le film s’écarte de l’histoire originale, et se fiche éperdument de tous les autres.