J’ai vraiment un gros faible pour les films de Michel Leclerc, pour ce cinéma clairement étiquetté à gauche sans pour autant faire acte de militantisme ou asséner des leçons de moraline facile, et qui n’a jamais peur de prendre à bras-le-corps les sujets qui fâchent pour en tirer tout ce qu’ils peuvent renfermer d’absurde et de drôle. L’atout principal des propositions de Michel Leclerc et de Baya Kasmi, sa scénariste, est d’être beaux joueurs, de renvoyer dos à dos leurs propres valeurs et celles qui leur seraient supposément hostiles dès lors qu’ils se montrent passionnément convaincus qu’à renoncer à imposer ses normes aux autres, il est envisageable qu’ils cessent de s'arc bouter sur les leurs avec intransigeance. Cette fois, ce sont les contra(di)ctions d’un couple de bobos de gauche, qui se retrouve confrontés pour la première fois à la réalité, celle d’un monde qui ne cadre pas nécessairement avec leurs valeurs. Elle, pure produit de la méritocratie républicaine ; lui, ancien punk anarchiste et anti-système. Tous deux, avec leurs convictions et leur foi absolue dans les valeurs de la République et la laïcité, ont choisi de s’établir en Seine Saint-Denis et d’inscrire leur enfant à l’école publique….mais que faire quand ils constatent qu’au fur et à mesure d’un ‘White flight’ qui ne dit pas son nom, leur fils est devenu le seul “blanc” et le seul non-pratiquant de sa classe, ce qui lui attire de multiples ennuis ? Le bien-être de l’enfant passera-t-il avant les convictions politiques et philosophiques ? Sujet délicat, en phase avec une réalité qui fait un peu désordre dans une France où le discours officiel et la réalité de terrain n’ont jamais semblé aussi déconnectés à tous les niveaux. Moins rôdé à cet exercice d'équilibre, un tel projet pourrait sombrer dans la démagogie de bas-étage ou le feel-good movie tellement béat qu’il en deviendrait insupportable mais Michel Leclerc et Baya Kasmi savent de quoi ils parlent, on peut leur laisser ça. Le couple ne prétend évidemment pas faire oeuvre de sociologie, c’est la raison pour laquelle les personnages obéissent à certains archétypes reconnaissables: il s’agit ici de rire de ce qu’on n’aime pas regarder en face et d’en profiter pour réfléchir à des solutions innovantes car en levant le lièvre d’un vivre-ensemble malmené par le raidissement communautaire et culturel. Leclerc et Kasmi s’attachent surtout à en débusquer toutes les contradictions, l’une des plus savoureuses étant la stupéfaction du musicien qui découvre que du simple fait de sa couleur de peau, il est devenu le bourgeois qu’il conspuait dans ses chansons de jeunesse.
Très bon film sur la critique de notre société. Certains n'y trouveront rien d'intéressant ou qu'il ne se passe rien... et pourtant, il y a tant de messages implicites qui ne sont pas à la portée du premier venu, surtout quand on est un peu réactionnaire... Sans parler de l'humour de situations parfois ubuesques..
Le genre de films qui se veut bon parce qu’il y est évoqué un sujet « de société ». Bref, « bon Film » je ne sais pas, mais moralisateur, assurément. C’est niais, lent, cliché et surtout, pas du tout crédible.
Pas grand chose à en dire si ce n’est que j’ai trouvé ça raté. Avec un sujet cassé gueule j’ai trouvé que le film se prenait souvent les pieds dans le tapis. Dommage pour Leila Bekhti, Édouard Baer et Ramzy Bedia que j’aime beaucoup. Le film n’arrive que trop rarement à être intéressant et le final complètement crêtin fini d’achever la mauvaise impression. Artistiquement parlant c’est très pauvre aussi. Non il n’y a pas grand chose à sauver.
Mais qu’ils sont beaux, drôles et pleins de certitudes Paul et Sofia. Elle, sans renier ses origines banlieue Est, est devenue une jeune et brillante avocate dans un grand cabinet parisien.
Lui quadra, musicos sans emploi, est sympathique et un peu pathétique dans ses vieux restes Punk and Rock Roll attitude.
Mais on s’aime et on s’engueule tendrement dans cette famille recomposée tout droit sorti d’un dossier de l’Obs sur la “ bobo/gentrification” de la proche banlieue parisienne.
Paul et Sofia sont surtout plein d’attention pour Corentin leur fils scolarisé dans l’établissement tout près. Mais justement être le seul petit « blanc » dans la classe n’est-ce pas trop dur pour notre fils adoré ? Surtout que tous les enfants des pavillons voisins sont chez les « curés » le collège privé qui a si bonne réputation.
Mais chez Paul et Sofia on ne mange pas de cette ostie-là et on est pas près de renier ses engagements idéologiques, la preuve on s’aime très fort et on est même pas marié.
Un voisin juif traditionaliste ( l'excellent Laurent Capuelo), un couple de parent d’élève musulman pratiquant, un directeur d’école compréhensif mais aux méthodes bien personnelles ( l'impayable Ramzy Bédia) et une institutrice trop appliquée ( Baya Kasmi, l'épouse du cinéaste et coscénariste du film) se débattant comme ils peuvent, les certitudes de Paul et Sofia se craquèlent, se fissurent comme les murs de Jean-Jo (Jean-Jaurès) l’école publique du secteur.Vraie photographie d’une ville de banlieue, ni mieux, ni pire que la moyenne dans la France de ce début de siècle, « La lutte des classes » a l'immense mérite de poser de vraie bonnes questions et a également la belle intelligence de ne pas apporter des réponses faciles ou manichéennes et d'éviter l'angélisme primaire.
D'excellents acteurs (le duo Edouard Baer et Leila Bekthi forment un couple adorable auquel on croit vraiment, et le film tire beaucoup de leur puissance de jeu) des situations drôles et bien senties, une ironie jamais cynique ( Michel Leclerc n'est pas un cinéaste du cynisme et du jeu de massacre) et une bienveillance permanente envers des personnages parfois butés dans leurs conviction, et qui évitent largement la caricature sont les premiers atouts de cette comédie pleinement réussie, dont seule la mise en scène ( malgré quelques jolies trouvailles) n'est sans doute pas aussi inventive que dans le nom des gens, qui reste le chef d'oeuvre de Leclerc Mais on ne boudera assurément pas notre plaisir car dans la production actuelle de comédies française, le nouveau film de Michel Leclerc reste un divertissement de très grande qualité, alliage fort réussi de satire sociale et de chronique familiale plus douce qu'amère.
Et sans trop en dévoiler les contours, reconnaissons que la scène finale qui nous montre notre école républicaine et laïque bien mal en point est une image très forte ...et on n'oublie pas la formidable scène autour de la non moins formidable chanson de Jeanne Cherhal " merci", et on dira donc merci à Michel Leclerc pour ce qui est sans aucun doute une des meilleures comédies de 2019!
Un film juste et très fin évoquant les différences de classe sociale mais aussi celles liées aux religions (l'athé que je suis y a trouvé son compte ...). Les acteurs principaux sont excellents. A voir
Le couple Leïla Bekhti/Edouard Baer est aussi crédible que ma grand-mère et Brad Pitt! Un joli cast mais ce ne fonctionne pas des masses. Assez cliché et rien de palpitant. Rien de nouveau non plus, aucun intérêt quelconque pour l'histoire, la real ou autre. Juste bof
On ne sait pas trop sur quel pied danser avec La Lutte Des Classes. D'un côté le film est agréable car rythmé, avec des dialogues bien ficelés, pêchus, teintés d'un humour qui fait souvent mouche. De l'autre, il enfonce beaucoup de portes ouvertes ou tente d'assener certaines vérités avec hésitation, comme s'il n'assumait pas ce qu'il voulait dire. Bémol aussi sur le casting car si les adultes sont impeccables, les enfants sont très inégaux et notamment Tom Levy qui est franchement médiocre. L'ensemble reste tout de même plaisant de bout en bout ce qui est déjà une belle performance.
J'adore le casting, malheureusement ce film est un énorme navet. On ne s'attache à personne, c'est bordel, et la fin est juste un scandale. Grosse incompréhension que ce film, sentiment de temps perdu...
Et bien j'en ressors très satisfait. Je m'attendais à une comédie de bas étage avec des fils grossiers et une approche opposant enseignement public et privé de façon caricaturale. Mais rien de tout ça ici, l'approche est bien plus réaliste et crédible. Notamment concernant cette divergence totale de conception de la vie entre religieux et non croyant qui montre à quel point, quelque soit son point de vue et sa conception de la vie, il est impossible de comprendre le point de vue opposé. Cela n'empêche pas les échanges évidemment, mais chacun restera campé sur ses positions sans comprendre l'autre. Les situations aborde en permanence ces divergences, quelles soient religieuses ou non, et c'est bien là qu'est le cœur du film et le rend aussi intéressant finalement.