Malgré la déception « La Vie très privée de Monsieur Sim », j'apprécie beaucoup Michel Leclerc, l'un des seuls réalisateurs français à offrir un cinéma « politique », du moins social, et ce toujours sous l'angle de la comédie. Ici, celui-ci s'intéresse à l'école publique, vaste et complexe sujet sur lequel il est presque impossible d'avoir un regard précis. Ce qu'a d'ailleurs très bien compris le réalisateur, ne prétendant jamais avoir la réponses à tous les problèmes (j'ai presque envie d'écrire « au contraire »), n'hésitant pas à tacler un peu tout le monde, sans jamais se montrer méprisant. Ainsi, bien-pensants, gauchistes « arrangés », intégristes, juifs : tout le monde a droit à sa petite (voire grosse) pique, devant faire face soit à leurs contradictions, soit à leur intolérance, l'occasion de quelques scènes vraiment très drôles
(la découverte du clip anti-pape découvert par le directeur de l'école catholique au moment de l'entretien en tête)
. Dommage que certains passages ne soient absolument pas crédibles
(who, on te dit que toi et ton fils êtes condamnés à l'Enfer mais tu invites quand même la personne ayant tenu ses propos à dîner chez toi ? Sans déconner?)
, l' « humanisme » de Leclerc étant « malheureusement » un peu trop grand pour être vraiment méchant, voire féroce. Au moins ne tombe t-il pas dans l'excès inverse : à chaque fois qu'on a peur que les bons sentiments prennent le dessus, une situation, une phrase viennent les en empêcher, le discours très « il n'est pas toujours facile d'être de gauche, surtout dans une ville populaire » étant habilement intégré au récit. Impression plutôt positive, donc, qui l'aurait été encore plus si le réalisateur avait su conclure : on sent bien qu'il botte en touche pour ne plus vexer qui que ce soit, la forme assez sommaire pouvant également être regrettée. Mais bon, malgré les maladresses, voilà au moins une œuvre évitant pas mal de pièges pour livrer un discours généreux sans être naïf, pouvant compter sur une talentueuse troupe de comédiens (l'irrésistible Edouard Baer en tête) pour faire de cette « Lutte des classes » une jolie comédie sociale.