Tirant son intrigue d'un roman à suspens, Claude Chabrol y ajoute sa petite touche noire. Marie Claire Muller (dite Mika) et André Polonski, un célèbre pianiste, se remarient après une brève union quelques années auparavant. De son côté, Jeanne Pollet apprend qu'elle a failli être échangée à sa naissance avec le fils de Polonski : Guillaume. Elle même pianiste, Jeanne décide de s'introduire chez les Polonski.
Et l'intrigue est lancée... Mais ce que lance surtout Claude Chabrol, c'est la bienveillante (en apparence...)Mika. Le réalisateur resserre son action dans une villa inquiétante, et autour de quatre personnages. Le spectateur finit par laisser de côté cette histoire d'échanges qui ne sera pas élucidée (de même que l'origine du tract dans La Fleur du Mal). Il pose toute son attention sur cette Mika perverse et douce, interprêtée magistralement par Isabelle Huppert. Que fait Mika avec son chocolat ? Pourquoi est-elle si maladroite ? Les réponses arriveront tout doucement, notamment dans une scène de flash-back inoubliable. Elles viendront aussi à la fin, lors de cette scène de révélations. Allongée sur son canapé, Isabelle Huppert, plus juste, plus froide et plus mystérieuse que jamais, expliquera à son mari ce que le spectateur soupçonne depuis le début. Elle fera monter encore plus la pression, nous laissant plus tendus que jamais lors du dernier plan (inoubliable lui aussi).
Les bords du lac Léman, calme lui aussi mais renfermant certainement quelques noirceurs, ajoutent à l'atmosphère du film. La route de montagne, sinueuse et interminable, isolent encore plus nos quatre personnages. Et la musique, en partciculier les Funérailles de Liszt, qui reviennent sans cesse, acctentuent le côté rituel de la personnalité et de la perversité de Mika.
A vous de découvrir ce chocolat mitonné par notre plus grand mais aussi gourmet réalisateur : à vous de déguster ce chocolat rempli de perversité, ce chocolat noir, très noir...