Ce documentaire mériterait une diffusion bien plus large que l'actuelle distribution en salles, très restreinte ! On suit le duo composé du réalisateur, Werner Boote, et de Kathrin Hartmann, journaliste spécialisée dans les techniques du "greenwashing", c'est à dire l'ensemble des stratégies, labels et autres discours censés rendre les produits d'une multinationale verts, écolos, "durables".
On les suit aux quatre coins du monde (en Indonésie, au Brésil, au Texas, mais aussi en Allemagne) afin d'enquêter directement sur place et vérifier la réalité des choses, par opposition aux belles promesses.
Ainsi, on apprend que pour fabriquer des cacahuètes enrobées de chocolat, des villages indonésiens suffoquent à cause des forêts brûlées afin de favoriser la production de masse, notamment d'huile de palme. On apprend aussi que les labels tels que RSPO (huile de palme "durable") ne sont que du vent. Label ou pas, la forêt vierge part systématiquement en fumée afin de ne laisser place qu'à la monoculture nécessaire à cette huile, la plus rentable au monde. Plus loin, on découvre que la voiture électrique n'est pas si écolo que ça, vu les tonnes de lithium qu'il faut extraire des mines pour les fabriquer, avec un impact majeur et durable sur l'environnement.
Un autre passage marquant du documentaire insiste sur le désastre de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, dans le Golfe du Mexique, qui a explosé en 2010. La sécurité a été contournée afin de forer toujours plus profond avant la fin de l'autorisation d'exploitation. La compagnie pétrolière concernée a juré qu'elle avait retiré tout le pétrole échappé. En réalité, on a utilisé en masse des glycols afin de faire couler le pétrole au fond de l'océan, où il tue les animaux marins, et les boulettes de pétrole – hautement toxiques – s'accumulent sur les plages où se promènent riverains et touristes ; les bateaux de pêche, quant à eux, rentrent au port vides ou chargés de crevettes dont les branchies sont pleines de pétrole.
Bref, ce documentaire est édifiant mais aussi désespérant. En effet, aujourd'hui un consommateur soucieux de l'environnement mais assez naïf pour croire au bien-fondé de ces labels qui ornent les emballages croira faire bien et acheter "durable", alors qu'il ne fait qu'alimenter un système corrompu et mensonger ; avide de bénéfices aussi.
En résumé, on retient que rien ne change dans le bon sens, mais qu'on fait tout pour nous persuader du contraire, joyeux moutons / consommateurs que nous sommes, à coup de promesses mensongères et de jolis logos bien verts qui nous rassurent.
J'ai volontairement détaillé mon avis pour renseigner les personnes qui ne peuvent aller voir ce film, faute de séances près de chez elles. Pour les autres, vous découvrirez encore bien d'autres choses, dont les noms des multinationales en cause.