L'une des énième adaptation de l'oeuvre de Goethe, La beauté du diable ne s'inscrit définitivement pas dans la catégorie de celle qui ont pris l'eau. Restant assez fidèle à l'oeuvre initial, le film de René Clair n'en oublie pas de faire dans l'originalité, commençant son oeuvre avec beaucoup de force, sur une voix-off d'un acteur français à la phonation assez particulière, agréable et séduisante, représentant tout à fait la voix que l'on pourrait attendre d'un personnage représentant le diable. La suite n'en est que plus satisfaisante, offrant de très belles idées de mise en scène, ne tombant jamais dans les filets que pouvait tendre cette adapatation d'une oeuvre difficile, c'est l'aspect novateur du réalisteur qui domine (la séquence avec le miroir observé par Gérard Philippe, lui dévoilant sous ses yeux l'épilogue entier de sa vie, jusqu'à son issue fatale, est plutôt captivante et impressionnante). La musique assez imposante et tonitruante apporte elle aussi beaucoup, mais c'est les acteurs qui se taillent la plus belle part d'admiration, le duo Gérard Philippe/Michel Simon fonctionne à merveille, l'un étant aussi plantureux et talentueux que l'autre, et interprétant avec crédibilité les deux facettes de leurs personnages, tantôt c'est Gérard Philippe qui nous fait frissoner en Méphistophélés, et nous attendrit en Faust, puis Michel Simon reprend la main, nous inquiète et nous terrifie littéralement en Méphistophélés (un rôle lui allant comme un gant) tantôt il nous implore la compassion et la pitié en Faust, viellard proche de la mort. Un bon film français, intéressant tant dans sa forme que dans son fond,, inventif dans sa mise en scène, singulier dans son récit, et qui ne tombe à aucun moment dans le cliché ou le baclé.