Bien qu'en ayant beaucoup entendu parler, je n'avais jusqu'ici jamais vu de films de Quentin Dupieux, et donc encore moins au cinéma. Je ne vous cache pas que le choix de ce « Daim », à défaut de pouvoir comparer, m'est vite apparu judicieux car très accessible et souvent réjouissant. Moi qui ne savais pas du tout à quoi m'attendre, plonger ainsi dans l'univers du bonhomme s'est avéré une expérience stimulante, ne laissant clairement pas indifférent (euphémisme). Je suis rentré d'emblée dans ce récit bizarre, décalé, jouant avec pas mal de codes (thriller, horreur, fantastique), évoquant de nombreux titres tout en restant éminemment personnel, propice à pas mal d'interrogations, notamment « matérielles », voire cinématographiques. Utilisation et choix de la musique, relation entre les personnages, dialogues... Nous ne sommes presque jamais en terrain connu, et moi, me faire promener du début à la fin sans jamais savoir à quoi m'attendre, que ce soit dans les réactions du héros ou la tournure que va prendre le scénario, je trouve ça aussi rare que plaisant. Toutefois, et c'est souvent le problème de ces « films-concepts » partant d'une idée réjouissante : il faut tenir la distance. « Le Daim » n'échappe pas franchement à la règle, connaissant un gros trou d'air à mi-parcours, souffrant d'une logique de répétition difficilement évitable, ce qui ne l'empêche pas d'être lassante, voire légèrement ennuyeuse. Heureusement, hormis quelques étrangetés dans le déroulement et une fin certes percutante mais laissant un peu trop de questions en suspens, voilà une œuvre ayant à peu près tout ce qui manque au cinéma français actuellement : de l'audace, de l'ambition et beaucoup d'imagination, portée en cela par la prestation d'un Jean Dujardin au sommet de son art, secondé par une Adèle Haenel se diversifiant pour notre plus grand plaisir : un vrai duo, nous procurant beaucoup de plaisir aussi bien par leur talent que certaines répliques et situations, hilarantes. Il serait risqué de trop écrire pour ceux ne l'ayant pas encore vu, mais ce qui est sûr, malgré ses manques, c'est que vous n'aurez pas d'autres occasions de voir un tel film cette année, inquiétant de drôlerie (à moins que ce ne soit l'inverse), inventif et profondément singulier : merci, M. Dupieux.