Faut-il y chercher un sous-texte ?
Certains chercheront sans doute dans ce film un message sur l'aliénation d'un homme, d'un certain retour à l'animalité, mais je pense qu'il n'en est rien. Je ne pense pas que Quentin Dupieux aimerait qu'on cherche du sens à ce film, rappeler vous le mot d'ordre de son cinéma : "no reason", il n'y a pas de raison à pourquoi Georges fait ce qu'il fait, mais il le fait, tout comme il n'y avait pas de raisons à ce qu'un pneu soit vivant et ait des pouvoirs magiques dans Rubber. Là où certains cinéastes aiment laisser du sens dans chaque plan, où même quand certains spectateurs vont forcément chercher du sens aux films qu'ils voient, c'est assez agréable de voir un film comme ça, qui se limite à un plaisir de cinéma assez barré, et qui n'est rien de plus qu'un film.
C'est globalement le message du film, Georges est un cinéaste qui fait un film qui n'a pas de scénario et qui ne parle de rien, et quand Adèle Haenel vient chercher un sens à son film, il lui répond que si c'est ce qu'elle pense, ça doit être ça. Si vous y trouvez un sens, très bien, et si d'autres en trouvent un autre, cela marche aussi, Quentin Dupieux parle à travers son personnage pour dire que chacun peut trouver un sens à ces films, ou que certains n'y verront qu'un film sur un mec qui tue des gens pour voler leurs blousons, et aucun n'aura tord.
Outre le message, Le Daim est un très bon film, très agréable et étrange à regarder. La réalisation est très brute, à l'image de comment filme Georges, c'est quasiment intégralement de la caméra épaule. C'est très intéressant la façon dont Dupieux représente visuellement la folie de son personnage, en filmant ses discussions avec son blouson comme une simple discussion, avec des champ/contre-champ, où bien en faisant le point tour à tout sur Georges et sur son blouson. Jean Dujardin est très crédible et joue cela avec le plus grand sérieux, Adèle Haenel est aussi convaincante, malgré l'étrangeté des actions du personnage, qui semble faire confiance à Georges malgré son apparente étrangeté.
Bref, film intéressant, message sur l'absence de message, je n'adhère pas forcément toujours au cinéma de Dupieux, Au poste ! m'avait sembler assez vain et Rubber trop long pour un film au concept si particulier. Le Daim est entre les deux, amusant, pas complètement inutile et suffisamment court pour ne pas laisser le concept s'essouffler.