Alejandro Amenábar est de retour avec un nouveau film et il a véritablement transformé l'essai.
''Mientras dure la guerra'' relate le début de la guerre civile à Salamanque en juin 1936, ou vit le philosophe et écrivain espagnol Miguel de Unamuno (''Paz en la guerre'', ''Niebla'', ''La tía tula''). Au départ, il soutient publiquement le soulèvement militaire mais alors que le général Franco prend le pouvoir en parallèle et que les arrestations se multiplient, Unamuno change radicalement d'opinion en se rendant compte que l'arrivée du Caudillo au pouvoir est immédiate et qu'il est désormais trop tard pour empêcher cette situation.
Le film est tout bonnement magnifique, Alejandro Amenábar, excellent réalisateur espagnol (Tesis, Ouvre les yeux, Les autres, Mar adentro) fourmille d'idées et ça se voit à l'écran. Les acteurs sont rayonnants, les trois acteurs principaux interprètent à la perfection leur rôle, Kara Elejalde en Miguel de Unamuno, Santi Prego en Francisco Franco mais surtout mention spéciale à Eduard Fernández qui donne une interprétation remarquable du général Milán Astray, qui a notamment remporté récemment le Goya 2020 du meilleur acteur dans un second-rôle. Les maquilleurs et les décorateurs sont également à féliciter étant donné le grand travail, les acteurs ressemblent comme deux gouttes d'eau aux personnages historiques.
Le cadre à Salamanque est magnifique. Les plans sur la ville sont tous filmés d'une manière grandiose. Le parallèle entre Unamuno et Franco, Millán Astray et les généraux est très bien exécuté. Il y a certains passages dans le film que j'ai trouvé fascinants notamment
lors de la première apparition de Millán Astray en voiture où de nombreux soldats à pied chantent en reprenant l'air du général; lorsque Franco enlève le drapeau tricolore des républicains pour le remplacer par le drapeau bicolore des nationalistes, et à ce moment précis, l'hymne espagnol est repris en cœur par les soldats; Unamuno se disputant avec son ami Salvador Vila à propos d'idéaux politiques...
Par ailleurs, Amenábar réalise un film splendide, où sa maîtrise technique et formelle dans le long-métrage est absolue. Il utilise un moment des images d'archives où Franco et Millán Astray sont sur un balcon et le film reprend exactement au même moment où le général Astray continue son discours. C'est fait avec une grande justesse. Il y a un nombre d'idées visuelles impressionnantes, par exemple Unamuno qui se rend au Palacio del Obispo dans le but de parler au général Franco de la disparition de ses amis, Amenábar filme en contre-plongée où Unamuno doit grimper jusqu'au palais, réalisant un effort important mais malheureusement fructueux. Amenábar est définitivement un réalisateur talentueux, il le prouve à nouveau en 2020 avec son excellent ''Mientras dure la guerra''.