1936 : la guerre civile espagnole éclate, voyant les militaires nationalistes s'attaquer aux communistes et anarchistes. Don Miguel de Unamuno, vieux philosophe, républicain, catholique modéré, hostile au fascisme, ancien recteur de l'université de Salamanque, prend à la surprise de son entourage parti pour le camp de Franco...
Ce film a tout d'abord un intérêt majeur : il met en scène la guerre civile espagnole, ou tout du moins un de ses pans, à partir d'un certain angle, celui de Unamuno. C'est assez rare pour être noté, et sauf erreur de ma part, c'est la première représentation au cinéma du "caudillo" Francisco Franco. Dans un pays qui est sorti de la dictature en 1975, la période franquiste est encore à explorer sur écrans.
De facture assez classique, le film réussit à poser clairement ses enjeux. Si le camp républicain est quasi-absent dans la représentation à l'écran, c'est parce que le film choisit de se centrer sur la montée au pouvoir de la junte militaire, puis celle de Franco au sein de celle-ci. La représentation de Franco a de quoi étonner, tant l'homme est présenté comme un bigot, à la personnalité effacée, mais respecté par ses pairs pour ses talents militaires. Et c'est donc les prises de positions du vieil universitaire face à ce régime encore en formation, se radicalisant de plus en plus, qui constituent le cœur. Ainsi le film montre efficacement comment un universitaire républicain, mais hostile au communisme, bascule dans la complaisance vis-à-vis d'un coup d'état nationaliste.
Les prestations des acteurs sont toutes remarquables, la photographie est soignée, la reconstitution en décors et costumes sans tache, le film s'impose, malgré son formalisme, comme un film marquant sur le franquisme des débuts. En espérant voir dans les années à venir d'autres films explorer la période...