Nos vies formidables mêle documentaire, cinéma et théâtre. Fabienne Godet a créé une vingtaine de personnages fictifs inspirés de divers entretiens individuels avec des membres des réunions des Alcooliques & Narcotiques Anonymes (A&NA) auxquelles elle a assisté entre 2014 et 2016. À partir de cela et d'un séjour dans une communauté thérapeutique, elle conçoit une première ébauche de scénario.
Une troupe de comédiens a ensuite été constituée et, un mois avant le tournage, une résidence de travail a été mise en place. Là, chaque acteur a eu une biographie détaillée de son personnage et s'est imprégné durant une semaine des règles de fonctionnement des groupes de thérapie sous forme d’improvisation. Le scénario a quant à lui été continuellement adapté jusqu'à la fin des prises de vue.
Une fois le tournage lancé, l'équipe et les interventions techniques ont été réduites au minimum afin de laisser le plus de liberté possible aux acteurs, qui ont vécu en communauté durant toute cette période. La seule contrainte a été de coller à l'ordre chronologique du récit. La réalisatrice a alterné sur le plateau des séquences écrites et des improvisations.
Cette méthode de travail est née de l'envie de s'ouvrir à l'imprévu, de créer de manière participative et de contrer la quête absolue de rentabilité qui prévaut habituellement sur un plateau.
Nos vies formidables a été présenté dans les festivals suivants :
-Festival de Rotterdam 2019
-Festival des Arcs 2018
-Festival Indépendance(s) & Création d'Auch 2018
-Festival d'Arras 2018
-Festival de Bron 2018
C'est la rencontre avec le frère toxicomane d'une amie lors de la projection de son documentaire Ne me libérez pas je m'en charge en 2009 qui a poussé Fabienne Godet à faire un film dont la toile de fond serait la toxicomanie, la dépendance mais aussi la solidarité. Le suicide de cet homme quelques semaines après avoir fait sa connaissance a beaucoup marqué la réalisatrice.
Julie Moulier, actrice principale de Nos vies formidables, a également co-écrit le film avec la réalisatrice. Les deux femmes avaient déjà collaboré sur Une place sur la Terre. Fabienne Godet revient sur leur relation de travail : "C’est une immense comédienne que l’on a vu essentiellement dans des petits rôles au cinéma. Je lui ai donc proposé cette aventure et surtout de travailler ensemble à une méthode. Elle vient du théâtre, moi du cinéma et du documentaire : il y avait donc une complémentarité entre nous qui ne pouvait que nourrir le projet".
Au milieu de la troupe de comédiens qui compose le casting du film, le thérapeute est joué par Régis Ribes, diplômé en addictologie, formé à la thérapie familiale et à la conduite de groupes de thérapie. La réalisatrice a souhaité faire appel à un vrai thérapeute en raison des improvisations : "le personnage du thérapeute ne pouvait pas être joué par une personne n’ayant pas l’expérience réelle de la pratique de ce métier. C’est pourquoi j’ai demandé à Régis Ribes de jouer dans le film. Il a accepté à une seule condition : ne pas avoir de contraintes de texte".
La "méthode Minnesota" appliquée par le thérapeute dans le film est une méthode thérapeutique anglo-saxonne inspirée des programmes en 12 étapes des Alcooliques et Narcotiques Anonymes. Cette méthode privilégie l'idée que l'addiction est une maladie chronique pouvant, entre autres, être traitée par la facilitation de la parole, la dynamique de groupe et l'entraide.