Le cadre religieux et la spiritualité en moins, ce film aborde le même sujet que celui qu’a traité Cédric Kahn dans « La Prière » (2018). Fabienne Godet filme, à son tour, le combat d’une personne pour se libérer de sa dépendance à l’alcool, aux médicaments et à la drogue. En l’occurrence, cette fois-ci, c’est une jeune femme, jouée de manière très intense et très juste par Julie Moulier, qui intègre une communauté isolée afin de se désintoxiquer.
Malgré le talent de cette dernière, le film ne parvient cependant pas à égaler en profondeur et en émotion celui de Cédric Kahn. Non pas parce que, dans le film de Fabienne Godet, il n’est pas question de spiritualité à connotation chrétienne, mais plutôt parce que les choix de scénario et de mise en scène restent toujours extrêmement classiques, voire routiniers. Il y manque, me semble-t-il, des éléments de narration qui raviveraient l’intérêt du spectateur.
Fabienne Godet survole les jours, donnant parfois l’impression d’aller trop vite et d’autres fois d’aller trop lentement ou d’être trop redondante. Ainsi le personnage joué par Julie Moulier passe-t-il trop rapidement d’une attitude de repli par rapport à la communauté qui la reçoit à une bienveillance qui, du coup, semble presque artificielle. Mais le plus gros défaut du film, ce sont les trop nombreuses scènes de thérapie de groupe. Certes, elles ont le mérite de témoigner des difficultés relatives aux prises de parole, elles mettent à nu, pourrait-on dire, les blocages et les tensions internes de chacun. Mais, malheureusement, leur abondance et l’académisme de leur mise en scène peinent à susciter la curiosité. Ce n’est qu’à la fin du film, lorsque surgit un élément nouveau remontant de l’adolescence du personnage central du film que l’attention s’éveille. On aura quand même perçu, ça et là, des détresses, des troubles et l’efficacité de ce qu’on nomme résilience.