Un Mocky de belle facture que L’Ibis rouge. Avec certes les défauts du cinéaste, mais clairement des qualités bien dosées aussi !
Déjà on ne peut nier que les numéros d’acteurs sont mémorables. Michel Simon est au top, Evelyne Buyle est toujours aussi charmante et étincelante, Michel Galabru trouve un rôle cocasse comme il les aime, Michel Serrault un rôle de tueur raffiné qui est tout trouvé, et il y a plein de seconds rôles hauts en couleurs campés par des acteurs au diapason. Franchement la galerie d’acteurs est mémorables, et les personnages tous plus surprenants les uns que les autres (jusqu’au chauffeur de taxi vraiment énorme). Ils s’amusent comme des fous, et nous avec.
Le scénario certes est brouillon, surtout dans sa première partie. Dégingandé, pas toujours porté par une narration très claire avec pas mal de raccourci, ce n’est pas d’une limpidité ou d’une clarté très significative, mais une chose est sûre : c’est rythmé. Rythmé et puis vraiment amusant, avec un humour grinçant, un comique de situation décapant, et une fraicheur revigorante. Mocky dénonce les travers de la société, mais il le fait avec beaucoup d’humour noir, et c’est tout à fait réjouissant.
Pour le reste, je regrette quand même une prise de son vraiment pas géniale, qui ne met pas forcément les dialogues en valeur, tandis que la musique, originale et bien vue est tout de même un peu envahissante et pas toujours à propos. La mise en scène de Mocky est curieuse, un peu déstabilisante, avec des cadrages surprenants, notamment sur les visages. C’est une bonne idée, tandis que l’ambiance qui fait pas mal appel à la fête foraine, à l’ambiance nocturne, et exploite un étonnant cadre grec, est plutôt plaisante.
Franchement L’Ibis rouge m’inquiétait un peu au début avec son histoire brouillonne, mais finalement c’est un bon petit film, qui, un peu plus long, un peu mieux narré, avec une histoire plus maitrisée aurait pu prétendre à une place de choix dans les comédies françaises des années 70. 4