Je suis fidèle au cinéma d’Anne Fontaine, et à chaque fois surpris par son éclectisme, allant de « l’antimoralisme» de Perfect Mothers, à la légèreté de Gemma Bovary, en passant par la noirceur des Innocentes…En lisant le synopsis de Blanche comme Neige, me revenait à l’esprit, la Fiancée du Pirate de Nelly Kaplan, ou l’Eté meurtrier de Jean Becker, où une jolie vagabonde pour se venger des humiliations subies par elle et sa mère, séduisait tous les notables d’un village, où une autre jeune femme à la beauté du diable, débarquait dans un petit village du midi, valise à la main, minijupe et talons hauts, et affolait tous les hommes..Dans Blanche comme Neige, rien ne va plus pour Maud, patronne d’un hôtel de luxe suisse dont elle assure la direction depuis la mort de son mari…elle ne vit plus la même extase amoureuse avec son amant Bernard, lequel regarde plus que tendrement sa belle-fille, Claire dont elle jalouse la beauté…Elle décide donc de la faire enlever et de la faire disparaître…malheureusement , son ravisseur a un accident provoqué par un sanglier en traversant une sombre forêt…Claire s’échappe et est sauvée par un homme un peu fruste, Pierre, qui vit dans une maison perdue au fond des bois avec son frère jumeau François…les deux interprétés par Damien Bonnard au jeu sobre et singulier…L’arrivée de cette jeune femme , peau fraiche et lèvres pulpeuses, un peu sauvage, va créer un séisme chez les hommes de ce petit village en contrebas du sanctuaire de La Salette.. Chez les deux jumeaux , tout d’abord, chez un violoncelliste timide et hypocondriaque, Vincent, interprété par Vincent Macaigne, et que les jumeaux ont accueilli dans leur maison, au village chez le libraire sado-maso Charles interprété par Benoît Poelvoorde, inénarrable, chez son fils le timide et pourtant sportif Clément, chez Sam, le vétérinaire…jusqu’au prêtre du sanctuaire , le père Guilbaud…Vous avez compté…sept hommes, clin d’œil aux sept nains de Blanche-Neige…Claire, Lou de Laâge, solaire, à la grâce naturelle, découvre en même temps son désir et son plaisir…elle s’offre sans compter et sans provoquer de vaines rivalités, jamais elle ne s’est sentie aussi libre et si peu menacée..Hélas Maud la retrouve toujours animé par son désir mortifère , pour incarner cette marâtre ivre de jalousie, Isabelle Huppert …ultra maquillée, au regard troublant et cette expression dont on ne sait jamais s’il s’agit d’attirance ou de haine…Anne Fontaine revisite, parodie, détourne et asticote avec jubilation le conte des frères Grimm, pour en donner une version coquine, narquoise , flirtant avec l’érotisme, bien entendu aux antipodes du célèbre dessin animé de Walt Disney...se voulant illustration de l’épanouissement féminin…quitte à forcer le trait et parfois côtoyer le ridicule...mais l’image signée Yves Angelo est belle, les paysages superbes et l’on succombe volontiers à ce vénéneux péché de cinéma…