Morbius est une mauvaise blague, qui vous donne sans arrêt cette impression que rien n'est réfléchi (truffé d'incohérences), qu'il manque des scènes (des ellipses incessantes, où l'on saute d'un plan à l'autre, tel un long clip vidéo), que cela a été monté par le stagiaire de troisième (qui aime beaucoup trop les ralentis, "non ça fait pas cool, arrête ça !"), avec des scènes où l'on meurt de rire nerveusement (
Martine meurt, et son dernier mouvement c'est...se lécher les babines. Fou-rire dans la salle, surtout qu'on sait tous pourquoi ils ont casé ce dernier mouvement ridicule au forceps : et "oh surprise !" lors de la fin... On ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer, alors on fait un peu des deux
) et un final complètement bâclé. Voir Morbius est une épreuve en soi : réussir à rester devant un scénario dont le personnage féminin oscille entre l'objet fragile ("ouh le puissant vampire qui lui tourne autour...") et la fille à sauver (on a eu du mal avec la potiche Martine) coincée entre les deux frangins très manichéens, où toute l'exposition tient en vingt minutes (ils trouvent tout, tout de suite, trop facilement...), où les incohérences fusent (
une petite goutte de sang met dans tous ses états Morbius mais les baquets de sang du papounet ne lui font absolument rien juste après, la police a une rapidité éclair puisqu'elle parvient à boucler toute une rue le temps d'une bataille finale très succincte...
), où les ralentis gangrènent les scènes d'actions, où le combat final est expédié au profit d'une séquence émotion niaise (
le héros qui s'adoucit et écoute le monologue larmoyant du méchant qui meurt
... pitié). Et alors qu'on pensait être sorti du calvaire, les scènes post-générique (deux scènes au début du générique, n'attendez pas un quart d'heure ensuite inutilement) nous font plisser les yeux : on n'a pas tout compris. Morbius qui
s'associe au méchant Le Vautour, et veut faire la peau à Spider-Man sans raison apparente,
, alors qu'on a passé 1h40 à le voir tel un énorme Bisounours... On a dû louper un épisode, mais cela prolonge le sentiment du montage chaotique ("Il manquait de la pellicule, ou quoi ?") du film en lui-même. Enfin, Morbius n'obtient que quelques points pour la séquence de pompes de Matt Smith tous abdos dehors (là, on s'est réveillé), et l'absence d'humour gamin des récents Marvel, au profit de petites vannes cinéphiles "le petit doigt en l'air" (le bateau où naît le premier vampire qui s'appelle Murnau, comme le réalisateur de Nosferatu, le premier film de vampire du cinéma... "Huhuhu"). Vraiment, après son Joker de Suicide Squad, son frangin arriéré dans Gucci et maintenant ce Morbius ni fait ni à faire, on sait que le manager de Jared Leto a le nez aussi creux que la bébête du film. Il n'est pourtant pas catastrophique ici, comme Matt Smith et Adria Arjona, mais le casting essuie les plâtres du film en lui-même. Brouillon, pas fini, hasardeux, Morbius est "sang pour sang" à la hauteur de sa réputation daubée.