Pour le plus monumental des chefs d'oeuvre littéraires, il fallait pas moins que le plus monumental des films et cela Serguei Bondartchouk l'avait parfaitement compris. Et pour servir tout cela, on fait appel à tous les langages cinématographiques existants. Plans-séquences de gros malade, plans subjectifs, plans aériens, plans de caméra porté à l'épaule, mouvements de caméra à la grue, voix-off, etc... . En ressort comme pour le chef d'oeuvre de Léon Tolstoï, une oeuvre un peu touffue, loin d'être parfaite, mais à un tel degré de gigantisme voir même carrément de titanesque qu'on ferme sa gueule et on admire le résultat. Que dire des décors, des costumes, des accessoires, des objets, de l'ambiance (on parlait français dans la haute société russe et bien on parle français dans le film à ces moments-là tout simplement!) qui puent l'authenticité et la perfection à plein nez ??? Et de la musique ??? Et du visuel splendide ??? C'est ÉNORME. Même le plus blasé des blasés est obligé de s'incliner. Mais le mieux c'est de voir tous les films à grand spectacle hollywoodien avant celui-là car autrement là vous risquerez d'être totalement blasé devant les "Ben Hur et Cie". Les acteurs ont su rendre merveilleusement la complexité des personnages de Tolstoï, le film a su nous montrer le caractère fascinant du général Koutouzov, nous faire voir toutes les fastes de la Cour de Russie à travers une séquence de bal...mon dieu, de donner l'impression que l'équipe du film a voyagé dans le temps et a filmé en direct la Bataille de Borodino...oh là là, d'avoir su magistralement nous faire voir le côté totalement apocalyptique de l'Incendie de Moscou...ARGHHHHH (il faut voir absolument ces trois séquences pour comprendre, il y a pas de mots assez forts pour les décrire!). Et l'Âme russe qui n'a jamais été aussi bien rendue. A ce compte-là, il n'est même pas du tout exagéré de se mettre à genoux et de se signer devant ce film. Il est impossible de trouver avant et après cette oeuvre, un film qui égale et même qui s'approche d'une telle puissance. Merci Léon Tolstoï, merci Serguei Bondartchouk, merci "Guerre et Paix" et merci la Russie, c'est en voyant un tel spectacle qu'on comprend pourquoi le Cinéma est un art vraiment formidable.