De l'Occupation et du marché noir pour la toile de fond, qui plus que le fait que c'est une adaptation d'un roman de Marcel Aymé que je n'ai jamais lu, qui plus que le fait que son scénario, qui n'est pas trop mal tout de même, Jean Aurenche et Pierre Bost n'étant pas, contrairement à ce que les jeunes turcs de la "Nouvelle Vague" voulaient faire croire, des manches, qui plus par le fait qu'il soit réalisé par Michel Boisrond, beaucoup plus tâcheron qui suit impersonnellement un cahier des charges que véritable cinéaste, voilà pourquoi on est très loin du niveau d'"Une Traversée de Paris" avec les mêmes scénaristes, le même Bourvil, le même marché noir, la même Occupation, c'est ici un casting qui a franchement de la gueule qui appâte sans conteste le spectateur vers ce film.
Bon il vaut mieux fermer les yeux sur un Alain Delon pas crédible pour un sou en fils lycéen mineur légèrement porté sur la naïveté qui se fait détourner, le pauvre, par une Françoise Arnoul cru 1959 donc une véritable bombe (franchement qui c'est qui n'accepterait pas de se faire détourner par une Françoise Arnoul cru 1959 ???). De toute façon, Alain Delon n'a été bon que chez Clément, Visconti, Melville et dans une moindre mesure Losey ; avant, comme ici, il n'était pas assez Alain Delon, après il l'est devenu jusqu'à l'overdose.
Bon, donc, il vaut mieux fermer les yeux sur Delon... par contre le reste du casting... Déjà, Françoise Arnoul on a pas envie de fermer les yeux devant (elle me fait un effet incroyable !!!), mais si en plus il y a Bourvil, toujours dans le ton juste en père un peu trop porté sur l'honnêteté et la bienséance mais toujours brave type qui essaye plus de comprendre que de condamner, Lino Ventura, impec en magouilleur bien profiteur du marché noir, Jean-Claude Brialy, qui lui arrive à faire oublier qu'il a dépassé depuis longtemps l'âge d'être un lycéen, sans parler de seconds rôles comme Pierre Mondy, Paulette Dubost, Madeleine Lebeau, Sandra Milo ou encore Jean Brochard, on prend sans hésiter. Arnoul, Bourvil, Ventura, Brialy, etc... tout ça ensemble, le voilà le véritable intérêt de ce film.