Un film très moyen, tiré pourtant d’un bon roman du talentueux David Foenkinos !
Et Fabrice Luchini en tête d’affiche, bien qu’il contribue à remplir les salles, ne change rien à l’affaire.
Je fais partie de ceux qui aiment beaucoup Luchini, mais dans ce rôle de Sherlock Holmes doublé d’un peu convainquant docteur Watson, incarné par Camille Cottin, il est loin de nous étonner dans ce thriller ‘littéraire’ d’une trop grande platitude.
En dehors de quelques réparties cinglantes et spirituelles dont seul Luchini a le secret comme ‘la liste de courses de Proust, au moins ça avait de la gueule’ .. ce film est à ranger dans la catégorie des petits divertissements du dimanche.
Le duo Cottin/Luchini manque cruellement de sincérité et d’émotions, et les déclarations de Luchini dans le rôle du critique littéraire Jean-Michel Rouche, lançant à Joséphine Pick, la fille du suspecté auteur, rôle interprété par Camille Cottin, qu’elle est probablement folle amoureuse de lui, tombent à plat, ne convainquant personne, surtout pas l’intéressée.
Toutefois, à mettre au crédit du film, il faut reconnaître que tout au cours de l’enquête, le spectateur est bien tenu en haleine, à la recherche de l’énigmatique véritable auteur du manuscrit ; on se demande jusqu’à la fin qui peut-il bien être ? toutefois, notre déception est grande quand arrive le dénouement, extravagant et inconcevable, très médiocrement interprété, mettant un point final décevant pour clore une intrigue essoufflée.
Dommage, car les premiers plans du film sont prometteurs ; mais très vite il s’enlise dans de trop fréquentes longueurs et redites.
L’autre duo, Daphné Despero, rôle interprété par Alice Isaaz, la découvreuse du manuscrit et son ami Bastien Bouillon, interprété par Frédéric Koska, laisse aussi à désirer ; la fraicheur qu’apporte la jeune Alice n’arrive pas à donner du relief à un Frédéric Koska très pâle.
Par ailleurs, je ne sais pas ce que vont penser de ce film tous les pizzaïolo et les artisans du même genre, mais je leur conseille de rester dans leur boutiques, car, c’est entendu, ils sont bien incapables de produire un roman ! avis aux amateurs. c’est dit .. par Fabrice Luchini, ce qui n’est pas rien ( mais rassurez-vous, c’est du cinéma).
C’est au cours de dialogues contradictoires sur le sujet que par exemple on nous rappelle que Lamartine a bien été garde du corps ! Voilà encore une pépite du film qui ne manquerait pas de faire se retourner dans sa tombe l’illustre auteur du Lac et des Méditations !
Ramener Lamartine à un simple rôle de laquais, voilà qui est bien déconcertant et ne manque pas d’audace. Pour ceux qui ne connaissent pas bien Lamartine, c’est un raccourci bien scabreux ; en effet, Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine fut à 24 ans garde du corps, mais c’était auprès du roi Louis XVIII, en raison de ses accointances monarchiques ! peu de chose à voir avec un vrai garde du corps de profession, ou un pizzaïolo, de surcroit breton ! (je ne fais que restituer l'esprit du film !
Après tout, Fabrice Luchini a bien lui-même été coiffeur et a livré des plats cuisinés, sans aucun doute des pizzas ! alors si un coiffeur peut arriver à un tel niveau de culture littéraire à l’image de Luchini, pourquoi un pizzaïolo breton ne pourrait pas accoucher d’un prix Goncourt ?
Ce que j’ai retenu de positif dans ce film, c’est la réflexion qu’il inspire au sujet des manuscrits non retenus par les éditeurs et conservés dans la petite librairie bretonne où a été retrouvé le manuscrit d’Henri Pick ; on éprouve une certaine compassion envers tous ces auteurs déçus qui rêvaient de devenir célèbres. c’est émouvant !
Par ailleurs, on peut aussi s’indigner de constater que des milliers d’invendus des ouvrages publiés sont voués au pilon, alors qu’ils mériteraient un bien meilleur usage comme celui d’être distribués gratuitement aux bibliothèques des collèges et des lycées.
Ce film d’1h40 a le mérite de distraire, sans encombrer inutilement notre mémoire.