Vous vous souvenez d’Emile Ajar prix Goncourt 1975 avec « La vie devant soi », l’identité de l’auteur resta mystérieuse et il se faisait représenter par Pavel Pavlowitch, petit cousin de Romain Gary…pendant sept années, le monde littéraire tenta de le démasquer et les critiques littéraires ne parviennent pas à reconnaitre la voix de Romain Gary — l'un d'entre eux écrit même: "Émile Ajar joue avec les mots, comme seuls Raymond Queneau ou Aragon, parmi les vivants en sont capables" …La mystification cessera à la mort de Romain Gary, Romain Gary et Emile Ajar ne font qu’un…Dans le « Mystère Henri Pick » adapté par Rémi Bezançon, David Foenkinos raconte une histoire identique…Dans la petite ville de Crozon, située au centre de la presqu’ile du même nom, un bibliothécaire Jean Pierre Gourvec ouvre dans la bibliothèque municipale, une salle dite des manuscrits refusés…la télévision locale s’en fait l’écho et bientôt plus d’un millier de manuscrits de toute origine, y sont déposés….Après la mort de Gourvec, la salle des manuscrits refusés retombera dans l’oubli…jusqu’à ce qu’une jeune éditrice ambitieuse, Daphné Despéro ( interprétée par Alice Isaaz) dont le père réside à la Pointe de Pen Hir, en apprenne l’existence et décide d’y faire un tour…Elle y trouve une pépite « Les dernières heures d’une histoire d’amour » censée avoir été écrite, dans le plus grand des secrets, par Henri Pick, un pizzaïolo local, mort et enterré depuis deux années…Elle décide de le publier, accompagné d’un plan promotionnel d’envergure et l’ouvrage rencontre son public…Crozon bénéficie des retombées de l’ouvrage, on vient de toute part visiter la pizzeria devenue crêperie pour voir l’obscur réduit où Henri Pick est sensé avoir écrit son roman…Jean-Michel Rouche ( Fabrice Lucchini) anime à la télévision une émission littéraire reconnue et se doit donc d’évoquer ce nouveau succès d’édition…il le présente donc au cours d’une émission dans laquelle il reçoit Madeleine Pick ( Josiane Stoléru), femme modeste dépassée par le succès du livre de son mari…En plein direct il interpelle la veuve…et si l’ouvrage était un faux…après tout personne dans l’entourage d’Henri Pick ne l’a vu lire ou écrire…Madeleine outrée que l’on porte atteinte à la mémoire de son mari, quitte le plateau avec Joséphine, sa fille, scandale…Jean-Michel Rouche va perdre son émission…et dans la foulée sa femme …Il va alors se lancer dans une enquête extravagante…qui est le véritable auteur des « Dernières heures d’une histoire d’amour » ? enchainant les voyages entre la capitale et Crozon, entre fausses pistes et vraies découvertes, nouant une relation particulière avec Joséphine la fille d’Henri Pick (Camille Cottin) …Tout comme l’affaire Emile Ajar fut appréhendée comme une véritable affaire policière, Jean-Michel Rouche tient la sienne…On passe des salons de la maison d’édition parisienne au cercle littéraire provincial, où de sérieuses dames amatrices de romans policiers, interrogent un Jean Michel Rouche, effaré sur la meilleure façon de découper un corps, couteau électrique ou tronçonneuse ??? bien sûr on ne dévoilera pas la fin…On se laissera porter par ce divertissement intelligent et attachant…comme les deux personnages principaux, Camille Cottin qui campe une Joséphine réjouissante, touchante et qui porte le film en compagnie d’un Fabrice Lucchini parfaitement maitrisé, mélange de François Busnel et d’Eric Neuhoff, et que l’on a envie de suivre dans son enquête…dans un esprit très « Petits meurtres » d’Agatha Christie… Le Mystère Henri Pick n’est jamais prétentieux, c’est un film très sympathique, qui nous intrigue, avec humour, de bout en bout….C’est le film idéal du Dimanche soir…c’est d’ailleurs ce dimanche que je l’ai vu…