Lutine a été financé entièrement en financement participatif. Le film et sa forme particulière sont nés de la conjonction de trois éléments :
- Le désir de réaliser un documentaire sur les amours plurielles, dans lequel Isabelle Broué imaginait déjà de se filmer pour créer du lien entre les différents intervenants et en jouant le rôle de la candide.
- Tourner son second long métrage avant le dixième anniversaire du premier jour de tournage de son premier long, tourné à l’été 2003.
- Tourner avec l’appareil photo à grand capteur dans lequel elle avait investi, et qui imposait des contraintes techniques particulières ("Rien de tel que les contraintes pour stimuler la créativité", précise-t-elle).
Lutine est le second long métrage de Isabelle Broué, après Tout le plaisir est pour moi sorti en 2004. Le titre de ce nouveau film vient du mot "lutinage" créé par Françoise Simpère, l’autrice des livres "Aimer plusieurs hommes" et "Le Guide des Amours plurielles", à partir du vieux français "lutiner" (qui veut dire charmer, séduire, faire la cour), mais aussi en référence au monde parallèle des "lutins" et "lutines". "J’aime bien cette sonorité des lutins et lutines qui renvoie à coquin, mutin, malin d’un côté, et lutinage, qui peut faire penser à butinage ou bien sûr libertinage", explique la cinéaste.
En six mois, Isabelle Broué écrit le scénario, suivi une formation sur les appareils photos à grand capteur, créé le site internet du film, monté une équipe, lancé une souscription et commencé à tourner. "J’ai tourné d’abord quatre jours, à la fois des séquences de fiction et de documentaire, pour voir si j’étais crédible en comédienne. Puis, avec un étudiant de la FEMIS que j’avais eu comme élève, on a tourné et mon té une bande-annonce, qui m’a aidée à rassembler les 8000 € dont j’avais besoin dans un premier temps pour tourner le film. Et l’aventure de Lutine était lancée", confie la réalisatrice.
Lutine a été tourné en trente-six jours (avec parfois des journées de seulement deux heures, en fonction des disponibilités des uns ou des autres), répartis sur plusieurs mois, la grande majorité à l'automne 2013. Isabelle Broué raconte : "On a monté en parallèle du tournage, pendant l'équivalent de six mois , répartis sur dix- huit. Sonia Bogdanovsky, qui a monté le film, faisait quasiment partie de ma famille : on montait dans la chambre de mon fils pendant qu'il était à l'école, elle partageait avec mes enfants leurs tartines de chocolat et leurs compotes pommes - châtaigne."
Isabelle Broué définit son film comme une "comédie documentée", un genre qui n'existe pourtant pas... La cinéaste précise : "C’est une comédie ET un documentaire. Une comédie dans laquelle est inclus un documentaire. Sauf qu’ il est souvent difficile de distinguer ce qui est vrai de ce qui est fiction : c’est l’idée même du film de "brouiller les pistes", comme le dit le personnage joué par Philippe Rebbot."
Isabelle Broué, qui joue aussi le rôle principal de la réalisatrice n'ayant pas tourné depuis dix ans et qui "ne gagne même pas sa vie", comme le lui fait remarquer son fils au début du film, a répété avec tous les comédiens et toutes les comédiennes avant le tournage. Elle se rappelle : "C’était important que les dialogues leur correspondent parfaitement, et j’ai parfois réajusté certaines séquences en fonction de le urs remarques ; ça me permettait d’avoir en retour leur regard de “pro” sur mon propre jeu. Pour mon jeu, je me suis beaucoup reposée sur les technicien.ne.s : le plus souvent Isabelle Razavet, à l’image ; les ingénieurs du son, et notamment Laurent Benaïm, avec qui j’avais tourné mes trois films précédents, et qui était là pour les séquences les plus difficiles à jouer pour moi ; et mon “bras droit”, véritable continuité du film : Solène Belleux, qui a assuré le rôle de scripte sur quasiment l’ensemble du film."