Réalisés entre deux problèmes personnels (assassinat de sa femme (Sharon Tate) par un tueur en série (Charles Manson (ça ressemble à une intrigue de thriller mais c'est malheureusement ce qu'a vécu Polanski en 1969 après avoir réalisé Rosemary's Baby)), et procès pour viol sur mineur juste après avoir fait le violent Macbeth et justement Chinatown (bref, rien de bien positif pour une personnalité publique...)) qui le forceront à ne plus jamais retourner aux USA par la suite, Roman Polanski avait réalisé son plus grand chef d'oeuvre pour certains, un des meilleurs films (très) noirs modernes pour ces même gens et encore plus, et avait quasiment lancé la grande carrière d'un des grands acteurs de la deuxième moitié du XXème siècle (oui, seulement du vingtième siècle (car s'il a toujours un talent d'acteur inné, on ne peut pas dire que Nicholson a brillé dans ses choix de rôles du début des années 2000 jusqu'à maintenant) : Jack Nicholson, qui est ici un peu moins fou que plus tard dans sa filmographie et joue un détective privé tout ce qu'il y a de plus sérieux (non, il ne veut pas tuer sa famille avec une hache, vous vous trompez de film !), dans ce qui peut paraître comme un simple hommage au film noir au départ mais qui devient au fur et à mesure beaucoup plus complexe et palpitant qu'il n'y paraît. Nicholson y joue un véritable fouineur qui va se battre contre des gens puissants mais pas du tout blancs comme neige et va s'attirer des ennuis avec des malfrats violents (dont (roulement de tambour)... Un caméo de Roman Polanski !!) dans une (très (oui il est (très) utile d'accentuer la (grande) noirceur du film)) sombre histoire sur les bâtissements d'une Los Angeles en pénurie d'eau à cause bien évidement de son placement géographique qui fait que celui qui possède l'eau est le grand maître de la ville, même si c'est pour organiser des assassinats et des complots scandaleux dans lequel l'inspecteur Gittes va littéralement fourrer son nez au risque de, littéralement, se couper. Le scénario, couronné par un oscar mérité, est très réussi et la mise en scène lente mais passionnante le magnifie dans sa complexité, et de son point de départ jusqu'à son final, dramatique au possible mais une conclusion réaliste d'un combat impossible d'un Jack Nicholson malheureusement très déterminé contre des forces qui le dépassent et qui risquent à tout instant de l'anéantir dans son enquête, à laquelle renoncer serait impossible, même si c'est pour être le seul à connaître toute la vérité. Le film apporte donc une valeur véridique dans son histoire car si celle-ci est bien fictive, elle décrit une situation véridique, c'est-à-dire les fondements malsains sur lesquelles s'est construit Los Angeles. En plus de ça, le film a un casting très réussi, presque miraculeux quand on sait que la présence de Jack Nicholson, encore débutant et ne bénéficiant pas encore de grands rôles malgré son talent émergent, et Faye Dunaway avec un Roman Polanski lui aussi encore émergent même s'il avait déjà eu le temps de faire quelques autres grands films, avec en plus un scénariste exceptionnel, est dû presque au hasard. Mais, en tout cas, pour moi, ce n'est surement pas le hasard qui a fait la qualité de ce film devant lequel on ne s'ennuie pas (malgré quelques petites longueurs) et qui reste un chef d'oeuvre du film noir classique. Conclusion : Acteurs excellents, scénario palpitant, réalisateur revenant au succès malgré le drame qui lui est arrivé cinq ans avant, tout ça pour servir un film noir quelques fois haletant, à voir absolument.