Burning c'est un rencontre de deux jeunes villageois qui se retrouvent à Séoul des années plus tard. Jongsu et Haemi se redécouvrent jusqu'au départ de Haemi en Afrique. À son retour, la fille arrive accompagné de Ben, un jeune coréen riche qu'elle a connu lors de son voyage. Un triangle amoureux s'établit alors et un jour Ben avoue à Jongsu un hobbie assez particulier: brûler des serres.
Le film est une adaptation assez libre d'un roman court de Murakami. Ce qui fascine dans le film c'est le changement de registre juste après l'aveu de Ben. Du drame amoureux, le récit mute sans qu'on l'aperçoit au polar et une fois qu'on se rend compte la trame est déjà très avancée. C'est logique de s’étonner face à un pyromane. En plus, si le sujet se vante de ses discours au double sens et il prend soin à cacher des aspects banales de sa vie quotidienne, alors on a des raisons pour s’inquiéter.
Ben et Jongsu face à face. Deux côtés de la Corée du Sud opposés d'une Corée déjà divisée. Le monde agraire contre l'urbain, les fermes du nord où on entend les proclames propagandistes de Pyongyang contre le quartiers d'affaires liés au capitalisme occidental. Un bourge qui s'amuse à détruire le paysage où des enfants comme Jongsu ont grandi. La globalisation qui détruit la tradition.
La confrontation des deux hommes arrive au moment-clé du scénario: La disparition de Haemi. Ben dit à Jongsu qu'elle s'est évaporée. Jongsu commence alors une enquête qui pourrait être si fausse comme vraie. A-t-elle voulu s'en aller ou est-ce que quelque chose lui est arrivée? Jongsu trouve des évidences qu'il ne peut pas confirmer: une montre que toutes les collègues de Haemi ont; un chat à la Schörindger, qui pourrait être celui de la fille ou pas; le puits du village qu'on n'est pas sûr qu'il ait existé, les serres intactes autour de la ferme de Jongsu, une escapade aux barrages... Rien n'est certain pour le spectateur.
Au premier rendez-vous Haemi nous donnait l'indice pour suivre le film: en faissant le geste de manger une clémentine invisible, on ne doit pas penser que le fruit n'est pas réel, sinon qu'on doit oublier qu'il n'existe pas. Aussi, la fille avait expliqué à Jongsu, après son retour de l'Afrique, le concept de ce peuple natif qui fait la différence entre la petite faim, pour l'envie de manger, et la grande faim, pour la curiosité existentielle. Tout ce qui arrive suite à la disparition de Haemi n'est que conséquence, alors, de la grande faim de Jongsu.
Les éléments du polar que Lee Chang Dong introduit dans le film s'accrochent au récit sans qu'on soit conscient de leur importance, et malgré tout, la réalisation du coréen fait qu'on se laisse emporter. Lé cinéaste évite le rythme trépidant du genre et il nous invite à suivre l'histoire en déconnexion, comme si on flottait regardant ses longues scènes aux légères mouvements de caméra, suivant les jeux de lumières et le temps qui passe. On doit signaler une scène impeccable d'apparence simple: la réunion des trois personnages chez Jongsu, suivant une interminable couchée de soleil, une dance en topless de Ascenseur pour l'échafaud et la sinistre révélation dans les ombres, déjà mentionnée, face aux derniers rayons de soleil. Une scène qu'apparemment a pris des mois pour être peaufiné d'une façon si subtile que le résultat est époustouflant.
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