Sur le papier, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de faire une suite à « Tanguy ». Le premier film fut un succès mérité, et comme souvent avec Etienne Chatilliez, son sujet est devenu un mot du langage courant (on sait tous ce qu’est un Tanguy, comme on connait tous des Le Quesnoy, des Groseille ou des Taties Danielle) mais le premier film avait tout dit et avait fait le tour de la question. Sauf que depuis « Tanguy », un autre phénomène de société se répand : les quadragénaires qui reviennent chez papa-maman, poussé par les aléas de la vie. Du coup, pour Chatilliez, la tentation aura été trop forte et Tanguy est lui aussi de retour. Le film est assez court, à peine plus d’1h30 et pourtant il semble tirer un petit peu en longueur, la faute probablement à un scénario qui se répète beaucoup et met pas mal de temps à sortir du circuit fermé dans lequel il tourne. C’est honnêtement réalisé, c’est empreint d’un humour noir très efficace et au final, le film passe bien, quand on le prend dans sa globalité. Même s’il semble tourner un peu en rond comme je l’ai dit, au moins il ne connait pas de baisse de rythme. Certes, les rebondissements sont un peu téléphonés et on trouve qu’Edith et Paul mettent décidément beaucoup de temps à comprendre que leur fils n’a pas changé, mais une fois la situation bien posée, l’enchainement des évènements (ou des catastrophes, si l’on regarde les choses du point vue des parents de Tanguy) gagne en vitesse et la situation devient vite incontrôlable pour eux. C’est sans doute cette exagération qui nuit un petit peu au scénario, par rapport au premier film. C’était sans doute un défaut inévitable, si le premier film tenait la route point de vue crédibilité, le second pêche un peu. Comme je l’ai dit, le premier film ayant fait le tour de la question, il fallait aller beaucoup plus loin pour ne pas se répéter, et du coup le scénario en fait trop. Il y avait peut-être mieux à faire avec la galerie de personnages nouveaux, comme la fille de Tanguy, la très sérieuse et responsable Zhu qui est si sage qu’elle en devient inquiétante, si polie qu’elle en devient obséquieuse. C’est une autre version du premier Tanguy, en jeune fille asiatique donc forcément un peu différente. Reste que son rôle ultra stéréotypé aurait peut-être mérité mieux. Le film joue beaucoup sur l’humour noir et presque cruel de la situation, et c’est ce qu’on préfère dans les films d’Etienne Chatilliez. Edith et Paul redeviennent méchants envers Tanguy et Zhu, presque trop pour qu’on y croit vraiment
(le coup du vélo). Sauf que cette fois, le destin va leur rendre la monnaie de leur pièce avec le rebondissement le plus réussi du film que je pourrais illustrer par une métaphore à la Tanguy : « Bien mal acquis ne profite jamais ».
La fin du film est plus aigre que celle du premier film, je ne sais pas si on peut parler de happy end. Elle est outrancière comme on pouvait le croire, mais elle fonctionne malgré tout. Au casting, on retrouve le trio du premier film, Eric Berger en Tanguy indécrottable est une véritable tête à claque (de ce point de vue rien n’a changé), Sabine Azéma et André Dussollier font le job avec le professionnalisme qu’on leur connait. Il y a quelques seconds rôles intéressant, outre Emilie Yili Kang dans le rôle de Zhu, il y a les copains de golf du couple qui regardent tout cela de l’extérieur et commentent les évènements à la façon des deux vieux du Muppets Show : lucides et vachars. Au final, que penser de « Tanguy le retour » ? Et bien que même si c’est une suite parfois maladroite, pas toujours d’une finesse exquise, on a malgré tout un plaisir sincère à retrouver le trio Tanguy-Edith-Paul, et le duo immaturité/méchanceté qui va avec. C’est moins pertinent mais c’est toujours très drôle, et pour une comédie, c’est déjà pas mal.