Un “véhicule”, c’est un film qui est tout entier conçu autour de son acteur/actrice principal(e), et l’admiration hébétée que lui voue le réalisateur ou la réalisatrice implique que tout ce qui ne concerne pas la magnification de l’objet du désir, la saisie du moindre mouvement, l’éclat du moindre regard, en devient totalement secondaire. Ici, on peut comprendre : le véhicule est pour Fanny Ardant, qui est la définition même de “fascinante” : elle joue une mère un peu barrée, qui se fiche des contingences matérielles et du lendemain, flanqué d’un fils coincé du derche, qui monte un deal de drogue rocambolesque entre Paris et Rotterdam pour empêcher la saisie de la maison familiale. Tout au long du film, Fanny rit à bouche déployée, danse le tango avec des inconnus juste parce qu’elle en envie - elle est comme ça, Fanny - se déplace comme une panthère et use et abuse de sa diction si particulière. C’est sûr, c’était un rôle taillé sur mesure pour elle. De toute façon, on lui ferait jouer un cache-pot qu’elle serait quand même fascinante. A côté, il y a Arielle Dombasle qui joue Arielle Dombasle, Patrick Chesnais qui joue Patrick Chesnais et il y a aussi le chanteur Vianney mais j’avais totalement oublié qu’il jouait dans le film jusqu’à ce que je consulte Wikipedia : j’étais trop occupé à être fasciné par Fanny Ardant, vous vous souvenez ? En fin de compte, comme les autres films de Diane Kurys, ‘Ma mère est folle’ développe surtout un portrait de femme, celui d’une représentante de la culture individualiste et libertaire post soixante-huitarde. A part pour cet aspect des choses qui mérite une mention honorable, le résultat, s’il présente quelques bons moments, n’est pas excessivement drôle et le road-movie, pas terriblement emballant. Tout concourt donc à ce qu’on puisse conclure qu’en tant que film, la chose n’a rien de vraiment mémorable alors qu’en tant que woman-show de Fanny Ardant,le résultat est tout simplement remarquable.