Je suis étonnée de voir à quel point les critiques sont divisées sur ce film. C'est un très bon thriller, parfois un peu trop lent et pensif : les personnages se prennent beaucoup la tête, chacun leur tour, près d'une fenêtre ou dans un canapé, signe de leur désarroi et grande solitude.
Mais la psychologie n'est pas sommaire, car, justement, chacun est confronté à un gros cas de conscience. Les invraisemblances ne me dérangent pas - nous sommes au cinéma - car l'essentiel est largement compréhensible. Les deux personnages masculins ont une vraie densité : Pierre Niney, souvent hagard, porte en lui un abîme d'impuissance, y compris dans sa difficulté à donner des preuves de son attachement, pourtant réel. Magimel évolue vers plus de perception au fil de l'histoire , notamment parce qu'il a l'intelligence de chercher à comprendre. Entre les deux, une toute jeune femme, déjà mûre, mais souvent mutique, et fatale bien malgré elle, tente de s'en sortir comme elle peut.
Au final, même si le triangle amoureux est convenu, il devient une tragédie sobrement orchestrée et un objet cinématographique très élégant : photo et cadrage très travaillés parlent déjà beaucoup en eux-mêmes, ce qui, à mon avis, est la quintessence du cinéma. Nicole Garcia, qui vient du théâtre, sait diriger les acteurs et maîtrise largement sa réalisation.