Romance noire
9ème film signé Nicole Garcia. Pour la première fois, l'idée du scénario ne vient pas d'elle mais de Jacques Fieschi, son scénariste de longue date. Entre romance et thriller, ces 102 minutes qui sont bâties en trois actes, avec trois personnages et en trois lieux. Lisa et Simon s’aiment passionnément depuis leur adolescence et mènent la vie urbaine et nocturne des gens de leur âge. A la suite d’une soirée qui tourne mal et dont l’issue n’est autre que la prison pour Simon, il décide de fuir. Lisa attend alors des nouvelles de Simon qui ne viendront jamais. Trois ans plus tard, dans l’Océan Indien, elle est mariée à Léo quand leurs destins se croisent à nouveau… D’abord torride, puis de plus en plus glaçant, le scénario tout, en ellipses repose sur des hasards que d’aucuns pourront trouver plus que… hasardeux. Mais ne dit-on pas que le monde est petit. Un film psychologique très noir autour de personnages bien fouillés et interprétés. Une élégance qui confine à la froideur pour renouveler le classique du trio amoureux.
Ancré dans le dur contexte social du monde d'aujourd'hui, le film commence dans la vie urbaine et nocturne, où l’argent circule vite et froidement, nous sommes à Paris. Puis viendront l’Île Maurice et enfin l’hiver à Genève. L’argent est au centre de cette intrigue, le sexe est omniprésent et la nature humaine fait le reste. Je l’ai dit, tout cela serait d’un classicisme à faire pleurer, s’il n’y avait la patte Garcia qui revisite les rapports sociaux de personnages mis face à l’argent, pour mieux en débusquer l’intimité et le cynisme. Mais la mort rôde et l’empreinte indélébile de l’instant fatal ne peut se dissoudre ni sous le soleil de l’Océan Indien ni dans les neiges des montagnes suisses. Bien écrit, superbement mis en scène, photographié à la perfection par Christophe Beaucarne, bénéficiant d’un beau casting… un film très « qualité France » qui vaut le détour.
Le trio Pierre Niney, Stacy Martin, Benoit Magimel, est à la hauteur des ambitions de la cinéaste. Voilà un thriller racé qui réussit la performance de presque nous faire aimer des personnages somme toute assez détestables. L’ambiguïté est le moteur principal de cette intrigue qui aurait pu n’être que banal sans le talent de Nicole Garcia et de son scénariste attitré. Je pensais qu’on avait épuisé toutes les facettes du trio infernal et maudit. Ce film me prouve le contraire. Envoûtant, magnétique pur certains, un gros air de déjà-vu pour d’autres, les avis sont partagés. Et vous, qu’en penserez-vous ?