Dans les années 1970, en Colombie, une famille d'indiens Wayuu se trouve impliquée dans la vente de marijuana à la jeunesse américaine. Dans un contexte où l'honneur des familles est une valeur suprême, l’avidité des acheteurs va conduire à une guerre de clans, inspirée de la vraie histoire des cartels de la drogue et de leur terrible violence dans les années 80.
C’est en quelque sorte un western colombien. Mais ici les héros sont trafiquants, impitoyables cela va de soi. La toile de fond est une famille indienne élargie, avec des règles de vie strictes, des codes de valeurs à respecter impérativement, des croyances à ne pas oublier, toutes choses qui permettent au réalisateur de donner un cadre onirique. Les décors puisent dans le genre western, très sobres et symboliques, comme par exemple le désert qui entoure le clan Wayuu. La musique souvent grinçante porte la tension des violences à venir. Le film montre la violence entre les clans, on ne compte ni les assassinats en direct, ni les cadavres et leur sang.
L’humanité, s’il y en a, est bien éloignée de nos références. On se rassure par moments avec la sagesse et l’amitié d’un vieux sage du clan, et avec le héros principal de l’affaire, son épouse et ses enfants… un peu d’humanité qui sera à l’origine de sa perte.
Le scénario est vigoureux avec des rebondissements assez rapides, les principaux acteurs excellents dans leurs rôles de chefs de clan ou de parrains…
On aimerait moins de violence ? Mais le propos du film est de faire connaître cette terrible réalité historique des cartels de la drogue et des règlements de compte, et il atteint son but, il nous fait toucher à quel point c’était insoutenable. Nous en avons bien sûr entendu parler ici en Europe… mais n’en savions pratiquement rien. Et encore il ne nous révèle qu’une partie de la réalité : il ne s’agissait pas seulement d’un petit clan familial mais d’organisations comptant des milliers de membres, par ailleurs la population civile a également été largement touchée, le pouvoir politique colombien a été gangréné, la corruption généralisée.
Ce film était donc nécessaire, mais ce n’est donc qu’un début, pour dénoncer une criminalité qui a fait près de 300 000 morts en Colombie, qui reste toujours active au Mexique (23 000 morts en 2016 !), et aussi pour commencer à rendre justice aux nombreuses victimes. Mais c’est dur à voir, nous voilà avertis.