Adapté d’un recueil de nouvelles de Birgit Tengroth, Bergman s’affine avec ce 7ème long-métrage dans son approche de la psychologie féminine. Il dépeint au plus près leurs émotions, leurs incertitudes, leurs révoltes contre l’ordre établi. Le personnage de Rut incarné par Eva Henning, d’une modernité saisissante, préfigure (avec « La prison ») ses films suivants, les chefs d’œuvre « Jeux d’été » (1950) et « Monika » (1953).
Même si cette œuvre de jeunesse ne bénéficie pas de la force et de la densité des ultérieures, les questionnements réflexifs et surtout l'intelligence de la mise en scène se manifestent déjà pleinement, offrant à travers les choix chronologiques et la justesse de l'interprétation une intrigue plus intéressante que le simple voyage en train d'un couple à l'aboi. Un film moins connu mais tout aussi révélateur du talent de Bergman, une apparente légèreté en plus.
La soif, ou La fontaine d'Aréthuse, fait parti des premiers films de Bergman. Bien sûr, si au niveau de la mise en scène il n'a pas encore atteint la maîtrise dont il fait preuve dans ses chefs d'oeuvre majeur, il aborde ici des thèmes qu'il explorera encore et encore au cours de son imposante carrière. Dans un paysage post-apocalyptique (l'intrigue se déroule dans une Allemagne qui sort de la seconde grande guerre), il met à mal la figure du couple et des sentiments en construisant des récits parallèles et pourtant liés. Le film est assez fort, et relativement osé vis-à-vis de son époque. Malgré un classicisme apparent, on constate avec enthousiasme que déjà, Bergman tentait de s'affranchir des règles de narration et de bienséance. Si le film fait office de morceau mineur dans l'oeuvre du génie, force est de constater qu'il est réussi.
13 952 abonnés
12 478 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 19 février 2012
Pour rappeler le gènie du cinèaste suèdois Ingmar Bergman, on cite toujours "Le septième sceau" ou "Les fraises sauvages". Mais ses oeuvres moins connues ne sont pas moins intèressantes, comme l'atteste "La soif", un des rares films de ses dèbuts dont il s'estimait satisfait! Voici le scènario de ce long-mètrage tirè d'une nouvelle de Birgit Tengroth: deux jeunes mariès dècident de voyager pour èchapper à la lassitude qui pèse dèjà sur leur couple! On les voit traverser en chemin de fer l'Allemagne de l'après-guerre, couverte de ruines! Ces ruines reprèsentent assez bien celles de leur vie amoureuse! Lors d'un arrêt de train, la femme se remèmore un amour d'adolescence et elle demande à son mari qu'ils retournent en Suède! Elle lui reproche ensuite une rècente liaison, mais c'est pour apprendre que la femme mise en cause vient de se suicider! On ne dèvoilera pas la suite (est ce que le couple va dècider de rester uni dans une solitude à deux ?) pour dire que "La soif" est par excellence le film sur l'incommunicabilitè (avec ceux d'Antonioni of corse). Son goût pour l'autobiographie dèguisèe s'y exprime dèjà, ainsi que les thèmes de l'humiliation et de l'enfer conjugal! Tous les films de Bergman mèriteraient d'être analysès, "La soif" y compris...
Malgré son générique emblématique - sorte de synthèse visuelle de l'Oeuvre cinématographique de son auteur : un vortex aquatique évoquant les tourments intérieurs des personnages bergmaniens - La Fontaine d'Arethuse porte clairement la marque d'un film mineur dans la filmographie du cinéaste suédois. Si les thématiques sont d'ores et déjà présentes - souffrance existentielle, rapports de couples, mythe de l'artiste déchu - elles ne sont pas encore exploitées dans leur pouvoir de maturation ( Ingmar Bergman est le prototype même du réalisateur capable de tirer du ressassement conceptuel une certaine forme de sublime...). Malgré tout, on pardonnera à Bergman cette indéniable ténuité dans le propos d'un film qui n'est rien d'autre qu'un métrage de jeunesse - et donc forcément inabouti. Par ailleurs La Fontaine d'Arethuse reste intelligemment filmé, à partir de longs plans épousant l'intimité angoissante des personnages. Quelques erreurs au niveau d'un rythme qui ne demandera qu'à être davantage maîtrisé dans ses prochaines créations... Au final, ça demeure plaisant à regarder ainsi qu'intéressant sur le plan du patrimoine culturel. C'est à voir.
Une des premières oeuvres du maître Bergman, son côté analyse de personnage est déjà bien présent. Il ose aborder des thèmes que peu d'autres cinéastes dans les années 40 et 50 osaient (avortement, homosexualité). Niveau mise en scène il n'était pas encore au sommet de son art, mais ce film reste intéressant.
La modernité de la technique et des idées place le film d'emblai au dessus du lot, cependant je n'ai pas beaucoup aimé ce Bergman. Le découpage m'a paru brutal et mal ficelé. De plus les scènes avec Eva Henning sont assez crispantes à suivre, ici on pourrait parler au contraire d'une trop grande efficacité du réalisateur du coup l'idée générale du film, il vaut mieux être mal accompagné que seul, peut se discuter.
Une des premières oeuvres du père Bergman où il abordait déjà un de ses grands thèmes de prédilection à savoir le couple. Le ton n'est pas tellement à l'optimisme ici se terminant par la conclusion "Quitte à vivre l'Enfer, autant le faire à deux". On en a entendu de plus rassurante mais rarement au fond de plus vraie. La structure narrative, à base de flashbacks et de saut à une autre personne dans le même temps, montre déjà l'aura d'un cinéaste très ambitieux et d'un futur grand derrière la caméra. L'un des membres du couple évoque une personne et on passe directement à cette personne dans le présent sans crier gare. Ce qui donne lieu d'ailleurs à la séquence la plus réussie du film à savoir la conversation d'un médecin avec une patiente dépressive pour s'apercevoir au final que le plus dingue des deux n'est pas la patiente. L'ensemble est très inégal, bancal voir même parfois un peu maladroit, et si l'actrice principale tient bien son rang ce n'est pas le cas de l'acteur très fade, mais les belles fulgurances nombreuses sont remarquables. Une mise en bouche intéressante pour des oeuvres encore plus maîtrisées d'un futur réalisateur de génie.
Un tourbillon aquatique ouvre le film et préfigure les vicissitudes maritales, deux femmes nerveuses dont les souffrances du passé sclérosent le présent. «Törst» (Suède, 1949) d’Ingmar Bergman est une version nouvelle du mal-être humain que son cinéma aime à représenter. Au jour de la saint Jean, Bergman relate en parallèle les fantômes du passé de deux femmes, les rejoint et les confronte. La première d’entre elles, mariée, eut dans le passé un enfant illégitime avec un militaire qu’elle a du avorter sous ordre de cet amant. La seconde, en revanche, eut une brève liaison avec l’époux de la première. Cette maîtresse se révèle en proie à la folie du désespoir. Le vortex du générique trouve souvent l’occasion de s’appliquer au film. Ces tourments sont des gangrènes qui polluent les accointances et se transmettent en épidémie. De la première femme meurtris par une interruption de grossesse, le mal rongeur se transmet à son époux, qui la menace bien des fois jusqu’à rêver de l’assommer, puis se transmet jusqu’à cette femme phobique, tiraillée par son psychiatre. Bergman encercle les situations, étouffent le déploiement des actions sur elle-même, clos les éclats de gaieté. La métamorphose du bonheur en crise conjugale voire en suicide somptueusement pudique relève du malaise que Bergman traite dans toute son œuvre. L’intrigue n’a donc rien de singulier en vue du cinéma de Bergman, le cinéaste demeurant platement fidèle à son ouvrage artistique. Le traitement qu’il en fait, par des parenthèses ponctuelles qui creusent le récit et en retient son souffle, rend l’œuvre asthmatique, confondue dans son propre schéma. L’intrigue en elle-même est claire, aussi limpide que l’eau létale des mers. La mort est claire autant qu’est évidente la complexité nerveuse qui broie les ébats. Cette évidence n’a d’égale que le final incongrument optimiste. Bergman réalise une œuvre mineure. Le sens mineur renvoie là non pas à une envergure moindre mais à un sous-bassement nébuleux du génie.
L'un des premiers films d'Ingmar Bergman, et on sent déjà le grand potentiel du cinéaste. En effet, c'est un film qui a pour principale qualité la mise en scène. Le scénario est certes intéressant, mais il accuse quelques problèmes de construction ... mais la réalisation est réellement impressionnante. Il est fascinant de voir comme le malaise au sein des couples présents dans le film est bien retranscrit à l'écran: Bergman parvient à filmer de façon intimiste, mais également très froide. Il signe ainsi une oeuvre tourmentée et maîtrisée, malgré ses lacunes scénaristiques.