Un cheval sauvage et impétueux, un prisonnier brutal et imprévisible : le film se fonde sur un contraste simple, mais le met au service d’une ambition : montrer comment la violence nous asservit, et comment tâcher de s’en défaire.
Le prisonnier, c’est donc Roman, une masse de muscle tellement à vif qu’il préfère la solitude du mitard aux cellules double du pénitencier, où il vient d’être déplacé, et rejette toutes les tentatives pour l’amadouer.
On lui réserve pourtant une place aux travaux de l’extérieur : il devra évacuer le crottin de chevaux sauvages, les mustangs, qu’on vient de capturer dans la plaine pour les faire dresser par des prisonniers et les vendre aux enchères quelques semaines plus tard.
Tout cela lui semble assez absurde lorsqu’il entend du bruit : c’est un cheval enfermé dans un box de bois qui ne supporte plus l’enfermement et lance sur les palissades des ruades désespérées. Myles, le directeur du programme, vieil homme lui aussi d’une farouche énergie, finit par lui propose de le dresser. C’est le début d’une métamorphose, fortement contrariée par son entourage, à savoir sa fille, qui vient lui rendre visite, d’une froideur atroce dont on comprendra vite les raisons, et que lui voudra apprivoiser, et son compagnon de cellule, une brute épaisse qui utilise la position de Roman pour se procurer de la came dans la pharmacie des chevaux : lui aussi, il lui faudra l’apprivoiser, à sa façon.
Le film, malgré la richesse de ses développements, et le temps consacré aux évolution du dresseur et de son cheval, dure une heure et demie. C’est dire si son écriture est habile, l’avancée de l’histoire ne reposant que sur des séquences réduites à l’os mais d’une redoutable efficacité : s’il fallait décider où, entre roman et nouvelle, se situe l’écriture du film, on trancherait sans hésiter pour la nouvelle. Mais une nouvelle d’un type particulier qui procéderait par allusion et sous-entendu.
Ajoutons qu’il est difficile de décrire toute l’émotion que dégage Matthieu Schoenaert, mâle impressionnant de puissance, fragile et dangereux comme un gibier frappé à mort, mais qui finira par se sentir capable de dire ses sentiments et de se faire entendre.