Avis sur Sur la Route d'Exarcheia, récit d'un convoi solidaire en utopie

Le collectif Anepos a organisé en 2016 un convoi de dons (jouets, couches jetables, lait en poudre, nourriture, vêtements et chaussures de seconde main, etc.) vers le quartier d’Exarcheia d’Athènes, ce quartier connu pour ses tendances anarchistes et autogestionnaires, un des seuls à s’être rebellé contre la dictature des colonels, haut lieu de lutte politique depuis des lustres, et actuellement foyer d’une solidarité active avec les migrants. Une vraie Utopie en marche. Le film nous montre l’accueil des habitants, des enfants, la chaleur de la vie qui se propage dans cette portion de la Grèce, voir tous ces militants "libertaires", tous ces cœurs purs, apporter un peu de réconfort auprès des populations sacrifiées sur l’autel du néo-libéralisme, Grecs et migrants mêlés, nous fait regretter de n’y avoir pas été. Les mass-médias grecs, qui valent bien les nôtres en férocité contre les petits, ne se montrent pas à leur avantage. Ils pestent contre les buts du convoi : non seulement apporter un soutien alimentaire, financier et amical, mais aider les gens à se battre contre la résignation, à ne plus "courber l’échine" devant la politique austéritaire qui pèse scandaleusement sur les plus démunis. Un remarquable documentaire à ne pas rater

Avis mitigé, non sur l'action du convoi solidaire mais sur le film lui-même. Filmer toutes les étapes du voyage et montrer les réactions des français bénévoles lorsqu'ils voient le quartier tel qu'il est, dans sa réalité sociale, sont de bonnes idées. J'ai surtout aimé les témoignages des principaux acteurs des initiatives locales, même s'ils n'étaient pas assez présents par rapport à l'ensemble. D'un autre côté, ça se veut un film documentaire "véridique" par sa forme, ce qui donne des plans étranges, souvent inefficaces et certaines séquences sont inintéressantes. Utiliser des enfants comme "narrateurs" peut se justifier pour traduire une innocence (dans le bon sens du terme) et une bienveillance qui sont à la base du projet. Cependant, le discours qu'ils prononcent est parfois décalé par rapport à leur âge, ce qui donne un aspect "faux" et cliché au documentaire.