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Flavien Poncet
237 abonnés
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2,5
Publiée le 27 décembre 2008
Jiri Menzel, le cinéaste tchèque le plus connu dans le monde grâce à son Oscar du meilleur film étranger pour «Ostre sledované vlaky», réalise avec «Vesnicko mà strediskovà» (Tchecoslovaquie, 1985) un hommage au burlesque, à Laurel et Hardy dans le cadre frêle d’un village agreste des campagnes tchèques. Du duo comique fondé par Laurel et Hardy, Menzel reprend l’association de deux hommes dissemblables physiquement (l’un gros et l’autre petit) qui entretiennent une relation amicale conflictuelle. Construit sur ces deux personnages, Menzel agrémente le récit d’autres chroniques basées sur le quotidien absurde des habitants du village. Le film peut se concevoir comme une succession de scènes cocasses. Ce procédé narratif a ses limites, celles de ne couvrir aucune intrigue générale, de ne révéler aucune optique singulière sur le monde. Mais chacune des séquences répond au même sens de l’humour, à la même particularité burlesque, témoigne d’un sens cohérent de la comédie. Ce burlesque tchèque a d’intéressant qu’il n’est pas exposé avec autant d’ostentation que pouvait l’être celui de Chaplin, de Keaton ou de Lloyd. Menzel, plus que de s’inspirer de Laurel et Hardy, côtoie la bonhomie absurde de W.C.Field. Comme ce comique ivrogne, les personnages de «Vesnicko mà strediskovà» agissent avec une parfaite indifférence. Quand le personnage de Janos Ban, plongé dans la musique de ses écouteurs, se fait ensevelir, sans prendre garde, par un amoncellement de sable déversé d’un camion, c’est avec l’innocence de Field ou de Laurel qu’il agit avec étonnement. L’influence du comique américain dans le cinéma tchèque des années 80 prouve l’efficace universalité du système créatif hollywoodien. Toutefois, le film n’est pas soumis à l’humour hollywoodien, il se compose davantage de cette absurdité latente qui caractérise les récits d’Europe de l’Est. Jiri Sust, musicien du film, accompagne cet humour d’un thème allègre, aussi récurrent que les mélodies saugrenues des épopées de Brecht.
Découvert cette perle de 1985 en janvier 2009 grâce au dvd. Que de fraîcheur ! Que de bonne humeur (d'une veine comparable à "Pleure pas la bouche pleine" de Pascal Thomas) !... Si le réalisateur emprunte à Laurel et Hardy la complémentarité de deux silhouettes contrastées, ses deux personnages sont bien plus aboutis : le gros est un artisan bourru, tuteur du grand maigre "retardé", un être sensible au mimétisme enfantin, menacé de délocalisation à Prague, mais fort heureusement la population locale, laborieuse autant que débonnaire, pèse sur les décisions ! Peinture de la Tchécoslovaquie sous la bureaucratie soviétique, qui ferait presque saliver tant la santé communautaire y est bien dépeinte : charmant village avec cimetière au ras du jardin où on se rince souvent la cloison tandis qu'on enterre... Les travers sociaux universels sont abordés, dans des situations cocasses, avec une mise en scène acrobatique (parfois l'image présente trois sujets à comprendre en même temps, et on suit sans peine !). Des dialogues pleins de piment, de la sensualité dans la joie, une série de petites intrigues à bien enregistrer car elles font partie d'un fil narratif précis, jamais du grand n'importe quoi. Beaucoup de poésie "couleur locale" aussi (je pense au Dormeur du Val de Rimbaud ânonné par le médecin, et quel médecin !...). Un beau voyage dans une dérision de tous les instants, accompagné des merveilles de la nature et d'une musique de l'est éclatante, toujours entre Marche de Radetzki et fête foraine... Dans ce milieu préservé, familier, chaque acteur traversant l'image vaut son pesant d'or. Vraiment dommage que ce film familial, considéré comme mineur en France par rapport aux grosses productions d'un comique discutable mises en avant, fasse aussi peu parler de lui dans la morosité actuelle !
Une comédie innocente très réussie. Les acteurs sont bons, l'intrigue est simple et se suit facilement, sans pour autant que l'on s'ennuie. La vie d'un village, avec ses ragots, ses jalousies, ses secrets, ses personnages typiques, y est parfaitement dépeinte. Rafraîchissant !