Après avoir été choisie pour mettre en scène l’une des adaptations de romans faisait probablement partie des plus attendues de l’histoire de la littérature, enfin si l’on peut dénommer ces romans de la sorte, Sam Taylor-Johnson a choisi de ne pas rempiler pour les suites. A raison, tant le passage au cinéma du cultissime (enfin pour certain(e)s) « 50 nuances de Grey » était certes regardable contrairement à ses suites de plus en plus mauvaises. Choisie pour cette tâche ingrate et risquée après avoir été découverte via « Nowhere boy » où elle rencontre son mari, l’acteur Aaron Taylor-Johnson, elle décide donc de ne pas retourner dans l’univers pseudo-érotique de la saga littéraire de E.L. James pour aller tourner une autre adaptation littéraire plus personnelle avec son acteur de mari, celle de « Mille morceaux » de James Frey. Ce récit d’un ancien dépendant aux drogues dures qui va guérir durant grâce à une cure de désintoxication n’a rien de bien original, tout est hautement prévisible et a déjà été vu maintes fois, de « Une vie volée » au plus récent et très beau « Four good days ».
D’ailleurs dommage que « En mille millions de morceaux » soit si sage et qu’il n’emprunte que les chemins les plus balisés de ce type de récit et coche donc conséquemment tous les passages obligés du genre : de la lutte contre soi-même à la tentation de replonger, en passant par la méfiance envers les autres patients ou encore la résilience. C’est peut-être aussi parce que cela se passe souvent de cette manière me direz-vous... Mais dans ce cas pourquoi la cinéaste n’a telle pas rendu son film plus original sur la forme pour pallier à ce constat comme elle l’a si bien fait lors du prologue et du très beau générique. Peut-être aussi pour respecter le matériau de base et ne pas s’attirer les foudres de son auteur, mais dans ce cas ce n'est pas le spectateur qui y gagne au change.
On peut néanmoins compter sur un long-métrage qui est maîtrisé et sans accroc et qui doit beaucoup à la prestation d’un Aaron Taylor-Johnson très investi dans le rôle et qui n’en fait jamais trop. On sent la confiance mutuelle entre la réalisatrice et son acteur qui doivent se connaître mieux que personne. On suit donc avec un certain intérêt la remontée des enfers de ce jeune homme brisé par toutes sortes de substances. Il y a aussi quelques jolis moments en apesanteur, presque poétiques, qui apparaissent de-ci de-là et qui laissent entrevoir ce qu’aurait pu être « En mille millions de morceaux » délesté de son classicisme narratif et formel. En attendant, voilà un récit de rédemption sympathique mais bien trop peu surprenant et novateur pour pleinement convaincre.
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