Quand le père (Peter Hedges) met en scène le fils (Lucas)... J'aime bien Lucas, révélé dans Manchester By the sea et Boy Erased. Ici, son jeu dramatique est un peu faible mais honnête. Il est contrebalancé par une Julia Roberts qui, elle, en fait des tonnes, pour le meilleur comme pour le pire, n'évitant pas quelquefois un certain ridicule (en passant, on ne retient pas le prénom de son personnage, Holly, puisqu'on l'appelle toujours "mom", or ça a son sens de s'appeler, à une lettre près, "Sainte"... mère). Ce film a vraiment l'allure d'un téléfilm, d'inspiration chrétienne. Sur certaines séquences, c'est très platement filmé, sans filtre, en légère plongée (l'effet fait certes plus réaliste mais ça jure avec le reste). Malgré ces déséquilibres, la sauce prend, pour qui se laisse toucher par les personnages. Pendant plus d'une demi-heure, au départ, on nous balade un peu en allongeant la mise en contexte; elle permet d'exposer la relation mère-fils et d'explorer les contours psychologiques du protagoniste, tout en offrant un bon contraste avec la deuxième partie. Mais le suspense est plutôt long à venir. Le plaisir se trouve atténué par un scénario qui se révèle somme toute, hormis certaines surprises, assez prévisible, et par une fin trop rapide, qui nous laisse un peu frustrés. L'accompagnement musical reste ténu. Les premières images du film nous plonge déréchef dans un univers de classe moyenne bourgeoise catholique traditionnelle BCBG (pour casser le cliché Whasp, bon OK on y ajoute deux noirs), histoire de nous montrer que "ça peut arriver aussi" dans ce milieu (malgré l'hypocrisie de façade, comme avec le prof), mais on nous balance ensuite l'évocation d'un passé trouble (divorce, pauvreté) pour "expliquer" le désordre du pauvre garçon. L'ensemble se regarde bien mais il y a des longueurs, pas mal de clichés et on n'échappe d'ailleurs pas à l'allégorie salvatrice chrétienne. Un divertissement social de moyen aloi.