Je dois dire que j'ai un peu de mal avec Kubrick, j'adore Full Metal Jacket, j'ai trouvé que 2001 n'était pas dénué d'intérêt mais d'une froideur extrême, Shining très moyen, surtout dans son interprétation, du coup j'ai été assez surpris de passer un bon moment devant Orange Mécanique. Je ne lui ai pas trouvé de longueur ce qui est pas mal. Je lui ferai tout de même le même reproche qu'aux autres, à savoir que, devant un Kubrick, je ne ressens rien, il me laisse à mon rôle de spectateur, il fait son film et ne s’intéresse pas à moi, et pour moi c'est à peine du cinéma de faire ça.
Au final comme beaucoup de monde j'ai préféré la partie 1 (si l'on peut dire), violente même si l'on a fait pire depuis, encore que la banalisation de celle-ci avec une musique décalée est un peu malsaine. Mais le film arrive à porter son propos, à banaliser cette violence car on s'attache presque au personnage principal, d'où un certain malaise quand on repense à ça.
Pour la partie 2 j'ai retrouvé un peu les travers que je reproche à Kubrick. En soi, le propos est intelligent, dénoncer le traitement du mal par quelque chose d'encore pire (ou d'équivalent), cela pose évidemment un souci sociétal. Sauf que dénoncer un problème c'est bien, proposer une solution c'est mieux. Et de la même façon qu'un film dira que les discriminations c'est mal (par exemple) sans rien proposer, Orange Mécanique ne propose rien. Il pose un constat et voilà tout... Effectivement le film est assez visionnaire, il y a de la recherche sur le futur de la société mais cela ne débouche sur pas grand chose. D'autant que les expériences de reconditionnement sont à peine survolées, tout se passe très vite, de façon assez peu crédible.
En fait le message du film est assez simpliste, voire trop: La violence c'est pas bien, la guérir par la violence c'est pas bien. Ok, et? On fait quoi maintenant? Surtout la toute dernière partie ressemble à un brûlot politique assené au spectateur avec une légèreté pachydermique, tenant de justifier tout ce que l'on vient de voir, d’élever un peu le débat, sauf que c'est trop rapide, juste dit et non pas montré, bref ça se raccroche aux branches de manière un peu désespérée.
Peut-être faut-il que je le revoie une deuxième fois, rien que pour me concentrer sur la réalisation de haute volée, ou pour saisir un message plus subtil (que je n'ai vu sur aucun site ou critique...).
Ce n'est pas dénué d'intérêt, mais il manque quelque chose pour moi, il me manque de l'émotion en fait. A voir tout de même car je comprends qu'on le trouve excellent et que certains y trouvent un message dans lequel ils croient, car il y a un côté assez fascinant dans ce film.