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Un visiteur
5,0
Publiée le 20 mars 2007
La mise en scène de Michael "Funny Games" Haneke est très radicale : une scène = un plan. Il nous délivre des frangments de vies (procédé qu'il avait déjà utilisé dans "71 fragments d'une chronologie du hasard") de personnes bien précises. "Code Inconnu" est un album photo très honnête, simple et dénonciateur d'une certaine rage qui a l'air ronger Haneke. Admirable.
Le seul problème véritable c'est que l'Europe est solidaire, dans son style et dans sa propension aux massacres, ce qui est sans doute une seule et même chose. Et malines sont les visions qui ressemblent à des éclats de verre car le langage de l'enfant, privé de miroir, demeurera pour nous le langage de l'enfant. Il est le premier fragment d'une vision du monde qui se rêve époustouflante. Et quelle puissance dans le récit et quel sens à nouveau de l'abstraction. Delaunay avez-vous dit ? Oui c'est d'avant-garde dont il est ici question puisqu'il n'y avait sans doute pas meilleure manière pour ouvrir le siècle que de se souvenir que les nations ne savent plus se regarder. Haneke démontre avec ingénuité que la grande figure abstraite du XXème siècle c'est l'Europe, cette demoiselle inapte à se reconnaître et à se mirer à travers une altérité. Sans doute le film le plus politique de l'année 2000. Voilà ce qu'on dirait, sans doute, si nous étions aveugles. Car ce cortège de compliments, le film l'implore. Il parvient pourtant à étonner lors des premières séquences lorsque nous sommes encore vierges de ses ressorts : le point de rupture entre le plan séquence initial et les photos de Luc Delahaye en Yougoslavie entend accueillir un fantôme qui nous viendrait de l'imaginaire godardien. Mais posture que tout cela : la liberté formelle que s'octroie Haneke est le ferment d'un système narratif bien trop sûr de ses droits. Je dynamiterai tout ce qui s'apprête à vivre. Voilà ce que rabâche inlassablement chaque cut au noir. C'est le mot d'ordre des Etats européens en Yougoslavie et la mécanique esthétique installée par le cinéaste reproduit cette perspective autoritaire. Oui il y a de la puissance chez Haneke mais c'est une puissance solitaire car elle ne nous est jamais rendue, pas plus au dévouement admirable des comédiens qu'à nous, spectateurs de destins irréparables. Les images ont du pouvoir sur les autres mais elles ne sont pas à égalité, ni entre elles ni par rapport à nous et il n'est pas plus permis au fragment de vivre sa vie de fragment, qu'au secret de se contempler comme secret. Cette vieille idée que la signification doit être enterrée, comment la croire lorsque Haneke s'arroge tous les pouvoirs ? De quel inconnu parlons-nous ici ? Ce secret confié à l'enfant n'a plus rien à voir avec ce que se chuchotent l'ombre et la lumière dans les meilleurs films de Fritz Lang ou avec ce que le vent dérobe au silence qui sépare Elena Kouzima et le soldat allemand dans le Okraina de Barnet. Ici tout est falsifié car ce prétendu "code inconnu" n'est que la façade d'une aspiration à dominer et à asservir. Le film peut fasciner mais quelle faiblesse représente alors cette fascination. Haneke ne devrait pas pouvoir être seul prophète en son pays. " Récit incomplet de divers voyages" nous dit-on mais la mendiante n'a jamais voyagé, pas plus que la fiction n'a essayé de naviguer en terres documentaires. Et il n'a d'ailleurs rarement été aussi impossible de voyager qu'à travers ce temps vaincu pourtant possédé par la passion de vaincre. Le moralisme cérébral d'Haneke a-t-il seulement daigné interroger la pitié du cadre à l'égard du cadré ? Puisque après tout c'est de cadres de vie dont il est ici question : un adolescent fugue sa ferme natale pour trouver sa voie, une réfugiée roumaine cherche sa place sur la terre, un reporter de guerre peine à trouver une image du bonheur. Mais ce n'est pas ce qui intéresse le cadre et l'écrasante somme de prouesses techniques qu'exhibe la caméra d'Haneke se trouve tout à fait étrangère à quelque existence que ce soit. Quelle est la valeur d'un plan-séquence lorsqu'il ne sait que se regarder lui-même avant de songer qu'il est l'organe d'une détresse ? Nous ne demandons pas des victimes, bien au contraire. C'est d'équité dont il s'agit. Et de justesse. Haneke fait semblant de se démarquer car son style est soumis aux puissances uniformes qui fleurissent aux quatre coins de l'Europe et qui ne se posent qu'une seule et même question : moi, moi, moi. La publicité aussi n'a qu'un objet mais elle, au moins, n'attend guère qu'on la félicite car elle se sait méprisée des esthètes.
Existe-il seulement encore des objections ? Il semblerait que le temps retrouvé n'est jamais voulu du temps perdu : il nous est passé sous le nez, pressé de filer vers sa conclusion aporétique et lâchement sybilline. Code inconnu est un film qui entend innover sans jamais prendre en compte qu'innover peut vouloir dire quelque chose. La misère n'a jamais eu le sentiment de sa misère et les catastrophes sont des appuis dont se sert Haneke pour nous transmettre son austérité. Une image de marque et rien de plus. Mais nous devons reconnaître néanmoins qu'au regard de son jumeau* et de la décennie 2010 du cinéaste ce médiocre pensum demeure un film presque remarquable.
Je n'ai jamais vu un film aussi nul, ennuyeux à mourir on ne dois pas tous vivre sur la même planète !!! enfin, je n'ai surement pas tout compris vu que je ne parle pas le roumain ...
Film d'Haneke bien sympathique pour un film d'Haneke. C'est un film avec un rythme particulier qu'on ne retrouve pas dans dans cinémas, avec une réflexion plus ou moins évidente, notamment sur les gens, sur les autres, ceux qu'on voit sans connaître. C'est aussi un film violent, d'une violence quotidienne, courante, banale pour beaucoup d'entre nous, ce qui rend cette dénonciation d'autant plus révoltante. C'est enfin un film intellectuel, qui n'est pas fait pour être vu en débranchant le cerveau.
La réalisation de Haneke nous engage en tant que témoins de fragments de vies dans un monde qu'on connaît tous, mais qui, pourtant, se rapproche tellement du chaos. Ultra intéressant et surtout un petit chef d'oeuvre de mise en scène.
Trop long. Mise à part Juliette, les acteurs sont un vrai souffre douleur. Certaines scènes sont vraiment inutiles et n'inspirent rien, sauf de l'ennui. Bref, Haneke me déçoit dans ce code inconnu.