J'ai beau adorer Kubrick, ses deux premiers métrages, à savoir "Fear and Desire" et "Killer's kiss", n'arrivent pas à m'attirer. Sûrement car il a renié le premier, ce qui me fait douter de sa qualité, et que le second semble inintéressant (quoi que dans un cas comme dans l'autre je peux me tromper). Cependant "The Killing" avait l'air, malgré son statut assez mineur dans la filmographie du réalisateur, de proposer quelque chose de maitrisé et de vraiment intéressant. Et ça n'a pas loupé.
Pour être honnête, la première demie heure m'a fait peur, cette dernière se concentre sur Georges, le personnage le moins intéressant du film, et est peu originale et mise en scène de manière assez quelconque. Cependant, une fois que le film trouve son rythme, tout décolle. Ce dernier est d'ailleurs, à l'instar du braquage, d'une minutie exceptionnelle. Le tout est donc très dynamique et profite d'une montée crescendo de la tension.
Toutefois, si après sa première demie heure le film est parfaitement rythmé, la mise ne scène de Kubrick fait, quand à elle, des merveilles. Cette dernière est parfaitement maitrisé, en témoigne de nombreux plans séquences millimétrés dont certains participent habilement à accentuer la tension, mais est aussi à certaines occasions d'une très grande inventivité, comme ces quelques secondes de vue subjective, ou ce plan qui démarre dans le reflet d'un miroir avant d'effectuer un travelling arrière de manière très fluide.
Mais, toutes ces qualités servent à donner corps à une autre, si ce n'est la plus importante, qualité du métrage : ses personnages. Car le film accuse certes d'un scénario peu original, mais dans lequel évolue des personnages passionnants. Ces derniers sont aussi bien écrits, qu'interprétés. Le spectateur comprend immédiatement les motivations de chaque personnages, d'ailleurs plusieurs d'entre eux partagent une motivation, outre celle de l'argent, commune : la femme qu'ils aiment, au point d'avoir l'impression de voir différentes facettes d'un unique protagoniste. Et sur ce point, il est impossible de ne pas être touché par le personnage de Mike, malgré l'empathie certaine présente pour le reste du groupe.
Au final The Killing est un excellent film, il souffre d'une première demie heure assez quelconque et d'un scénario plutôt banal mais est entièrement rattrapé par des personnages très intelligemment écrits, un rythme crescendo ainsi qu'une mise en scène tout bonnement magnifique. Un film sur la fatalité qui se dessine au travers de personnages profondément humains.