Nous voici en face d'un "petit" film qui ne se la pète pas mais qui dit beaucoup de choses avec une grande justesse. Saïd Hamich est né au Maroc, à Fès, il y a 32 ans. Il a passé une grande partie de sa jeunesse dans une cité de Bollène, dans le Vaucluse. Diplômé de la section production de la Fémis, il a produit "Much Loved", "Vent du nord" et "Volubilis". "Retour à Bollène" est son premier film en tant que réalisateur. Un film qui montre la vie d'une famille maghrébine dans une cité d'une ville dont le maire, ancien communiste, est devenu membre de la Ligue du Sud "en passant par la porte de derrière" (à noter que la mairie de Bollène est administrée par Marie-Claude Bompard, membre de la Ligue du Sud, mais qui, elle, n'a jamais été membre du PCF !). Le prétexte : la visite faite à sa famille par Nassim, un ancien élève brillant qui, ne recevant jamais de réponse à ses demandes de stages, puis d'emploi, s'est exilé à Abou Dabi pour trouver un travail correspondant à ses capacités et pour fuir un environnement qu'il exècre. En fait, ironie de l'histoire, lui qui préfère Alain Bashung au rap, lui qui est le seul de sa famille à avoir parfaitement intégré le mode de vie à la française, lui qui parle 3 langues alors que sa mère ne parle toujours pas le français (il faut dire que la mairie de Bollène a arrêté les cours de français, dans le film comme dans la réalité) se retrouve le seul à avoir quitté la France tout simplement parce que ceux qui s'appellent les français de souche ne voulaient pas de lui. Même son prof d'histoire qu'il aimait tant, c'est justement cet ancien communiste devenu maire d'extrême-droite. La rencontre entre les deux hommes est d'ailleurs un des moments forts du film. Mais il y en a beaucoup d'autres, malgré la brièveté du film : 67 minutes seulement. On attendra avec impatience la prochaine réalisation de ce réalisateur prometteur.