Ludovic Bernard a eu l'idée d'Au bout des doigts après avoir entendu un jeune homme jouer du piano gare de Bercy : "C’était un jeune qui, à première vue, ne possédait absolument pas les codes de la musique classique, mais qui jouait une valse de Chopin divinement bien. C’était un moment magique, il y avait peu de monde autour de moi. Je suis monté dans le train et j’ai écrit le passé et le futur du jeune homme en me demandant comment il avait pu apprendre à jouer aussi bien. Cela a été le point de départ de mon film et je l’ai ensuite transposé gare du Nord".
Ludovic Bernard est un grand amateur d'opéra, dont La Tosca, mais aussi de Chopin et des symphonies de Mozart : "Quand je travaille à la maison, j’aime mettre de la musique classique : elle me remplit, m’envahit et me procure des émotions que je ne trouve nulle part ailleurs. Lorsque j’ai besoin d’écrire des scénarios, je vais chercher la bonne musique et c’est souvent instrumental car je recherche l’émotion la plus pure, la plus intacte et la plus forte. La musique classique me transporte : c’est d’ailleurs l’autre personnage de ce film tellement elle est y centrale et présente".
Le réalisateur confie que sa principale référence a été Will Hunting car il s'agit d'un film sur la transmission "où trois personnages se sauvent les uns les autres, s’aident mutuellement".
Faute de trouver un pianiste lors du casting du rôle principal, le réalisateur a porté son choix sur Jules Benchetrit, qu'il qualifie de "magnétique". L'acteur s'entrainaît au piano 3 heures par jour avec la pianiste Jennifer Fichet. Ludovic Bernard se souvient : "Il s’agissait pour Jules d’acquérir la bonne gestuelle, la bonne posture des mains sur le clavier. Il fallait qu’il s’approprie tout cela et il l’a merveilleusement retranscrit. Quand elle l’a découvert à l’écran, Jennifer était en larmes du début à la fin : on y croit totalement".
Quant à Lambert Wilson, s'il jouait déjà du piano, il lui a toutefois fallu travailler énormémement la synchronisation de ses mains. Il raconte : "Ces séances de travail avec Harry Allouche m’ont permis d’entrer dans la réalité du film, de sentir physiquement mon rôle en passant des heures devant la partition".
Au bout des doigts a principalement été tourné au conservatoire de Courbevoie et à la Seine Musicale. Le réalisateur la décrit comme "un lieu incroyable : tout a été étudié pour que l’équilibre acoustique soit parfait !" Il tenait par ailleurs à montrer un autre Paris et "de ne pas avoir peur des bons sentiments en tournant une scène de baiser devant Notre-Dame, ou au canal Saint-Martin". Il ajoute : "Mon intention était d’alléger la musique classique et c’est pourquoi elle accompagne aussi des plans sur l’architecture moderne : mêler les deux était essentiel. Tout devait se dérouler dans des lieux actuels à l’architecture contemporaine. Seul le concert final est à la salle Gaveau qui est le temple de la musique classique".