La méthode la plus directe pour dévaloriser la première production du tout jeune studio Locksmith animation serait de lui reprocher d’être partie prenante du système qu’il dénonce. Non seulement parce qu’il s’agit (indirectement) d’une production Disney, l’écurie la plus monopolistique du moment, mais aussi parce que, à l’instar des sympathiques “Mondes de Ralph’ et du nettement plus douteux ‘Monde secret des émojis’, ‘Ron débloque” prône l’amitié, les relations vraies, l’originalité et l’indépendance d’esprit à travers la description d’un monde ultra-connecté idéal qui est justement l’inverse de tout ça. Ron, c’est le non d’un B-Bot, un petit robot qui est, par la magie des algorithmes, lié émotionnellement à celui qui l’a acheté, comme une sorte de mur Facebook mobile et parlant…sauf que Ron a été mal programmé et fait absolument n’importe quoi, au risque même de commencer à s’humaniser et d’nfluencer son possesseurs en retour, là où ses congénères ne sont que des reflets dociles. C’est sûr, on peut y voir un “Faites ce que je dis, pas ce que je fais” un brin schizophrène mais après tout quitte à vouloir faire passer un message (bienveillant le message, pas du tout radical hein, quelque chose comme “la technologie est ce que tu en fais”) à un public de pré-ados, il est peut-être plus futé de l’ancrer dans une “utopie” qu’ils peuvent appréhender qu’en militant pour le retour à la terre et les autodafés de Smartphones. Ce qu’on peut peut-être reprocher à ‘Ron dévloque’, c’est de ne finalement pas apporter grand chose de nouveau : un truc comme ‘Big Hero 6’ tablait sur la même idée si ce n’est que ‘Ron débloque’, loin de creuser la veine super héroïque et l’esthétique Mecha/MegaCorporations héritées du comic et du manga, privilégie un cadre familier, rassurant et immuable, celui du quartier, de la cellule familiale et de l’école. Les raisons de ce choix qui refuse toute démesure sont à chercher du côté de la personnalité de la fondatrice du studio et scénariste du film, Sarah Smith, qui est aussi une ancienne de chez Aardman animation…et si on peut regretter l’abandon du stop-motion en pâte à modeler au profit d’images numériques plus passe-partout, il subsiste, au sein de cette production calibrée jusqu’aux moindres détails et d’une efficacité toute américain, suffisamment de touches absurdes et non-sensiques, qu’elles concernent les personnages ou les dialogues, pour ne pas faire oublier l’origine britannique du projet.